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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Inauguration de la résidence « Pierre Ronsard
Avril 2011, par adminRetrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de l’inauguration de la résidence « Pierre Ronsard », Jeudi 21 avril 2011.
La ligne verte du tramway trace un axe naturel à Vénissieux, autour duquel les projets d’urbanisme viennent s’agréger les uns après les autres. Notre ville connaît une réelle expansion, une mutation accélérée qui est confirmée par l’augmentation de la population Vénissiane, l’attractivité immobilière retrouvée et un développement urbain maîtrisé.
Je le dis souvent à l’occasion des inaugurations de constructions (et il y en a beaucoup dans notre commune !!!) : le virage qu’amorce notre ville ne doit pas se faire sans ses habitants, sans le patrimoine et l’identité qui sont les nôtres. Ne pas déposséder les Vénissians de leur bien commun à tous : Vénissieux, ses services publics de proximité, une politique forte d’accès aux crèches, aux écoles, aux activités sportives et culturelles, qui sont le sel de la vie, le sel du quotidien des habitants. Ce point joue aussi en faveur de Vénissieux car les nouveaux arrivants savent qu’ils y trouveront des structures et des facilités propres à améliorer et à enrichir leur installation. Ça influence aussi leur choix, je le crois sincèrement.
J’évoquais au préalable un développement urbain maîtrisé et la résidence Pierre de Ronsard est en quelque sorte un cas d’école à cet égard : c’est la valorisation de l’entrée sur le plateau des Minguettes qui est en jeu, cordon ombilical entre le centre-ville, la desserte du tramway et la population du plateau.
Ce désenclavement, depuis si longtemps voulu par notre municipalité, prend forme sous nos yeux et il se prolonge à travers le cinéma Gérard Philipe, l’école de Musique, l’îlot Cerisier, mais aussi un peu plus loin Bioforce, le groupe hospitalier des portes du Sud. Prolongement spatial, mais également dans le temps car viendront bientôt s’insérer dans cet axe : Le Corallin, immeuble de bureaux mais aussi de services publics (avec une nouvelle Maison du Rhône, une antenne de l’Hôpital Saint-Jean de Dieu) ; la reconstruction de Vénissy, le futur éco-parc du Couloud, sans oublier la ZAC Armstrong. L’avenue d’Oschatz devient donc un trait d’union entre la ville d’aujourd’hui et la ville de demain, un axe structurant qui relie et qui lie, auquel s’ajoutera la reconstruction du Lycée Jacques Brel.
Il y a une avancée urbaine accompagnée d’une avancée de l’intérêt général et des missions de service public. A mes yeux, la mixité sociale ne fonctionne que si ces deux domaines reconquièrent ensemble des territoires, trop souvent abandonnés par l’Etat depuis maintenant des décennies.
L’autre motif de satisfaction est propre à la résidence elle-même. 46 logements sociaux supplémentaires voient le jour à Vénissieux, et je tiens à remercier les partenaires de l’opération : l’ANRU, le Grand Lyon, la Région, Erilia, le maître d’ouvrage, avec lequel la ville a étroitement travaillé.
Il a fallu persévérance et patience, au terme de trois permis de construire successifs, pour le mener à bien. Nous y sommes parvenus et nous continuons de la sorte à maintenir deux objectifs primordiaux à Vénissieux : répondre à la demande toujours plus grande de logements accessibles pour les familles populaires et enrichir la gamme de possibilités qui facilitent les différents parcours résidentiels des habitants.
Notre ville compte à ce jour plus de 50 % de logements sociaux et 564 logements neufs y ont été livrés en 2010. C’est dire si nos efforts ne se démentent pas, mais tout le monde le sait ici, il faut que tous les partenaires jouent le jeu pour répondre à la terrible urgence et détresse sociales que subissent des millions de personnes en France. La crise du logement et du mal-logement touche 10 millions de nos concitoyens, 1 français sur 6 ! Il y a 3,5 millions de personnes mal-logées dans notre pays : 1 million vivent dans des logements surpeuplés, 1 million dans des logements sans toilette, sans salle de bain ou sans chauffage, 1 million dans des logements de fortune (tentes, voitures, amis),
500 000 dans des structures collectives. ça n’est pas acceptable et on ne peut pas continuer de la sorte.Dans l’agglomération lyonnaise, il y a 1 offre de logement disponible pour 4 demandes et on compte près de 50 000 demandeurs ! Sur l’ensemble de notre territoire, l’insuffisance de la construction de logements sociaux est de 150 000 logements par an, soit un déficit de 900 000 depuis 25 ans ! Dans son dernier rapport, la Fondation Abbé Pierre rappelle qu’il faudrait produire environ 500 000 logements par an pendant plusieurs années en France. Or, dans le même temps, le nombre de mises en chantier globales ne cesse de diminuer (435 000 en 2007 ; 350 000 en 2010), des communes continuent de s’affranchir de la loi SRU et la Politique Nationale de la Ville semble au point mort. Que sont devenus le plan Marshall pour les banlieues et les mesures annoncées par Fadela Amara, secrétaire d’Etat à l’époque ? Comment s’en sortir si l’on baisse les aides à la pierre et les APL et si le gouvernement ponctionne de surcroît les organismes HLM !
Nous sommes face à un chantier colossal, et à chantier colossal réponse colossale, c’est pourquoi nous demandons à l’Etat un véritable plan Marshall du logement sans lequel nous ne sortirons pas de la nasse.
Dans ce contexte sinistré, la seule annonce rassurante pour les maires des villes populaires est tombée il y a à peine une semaine : il y aura bien, d’après le Ministre de la Ville, Maurice Leroy, un Programme National de Rénovation Urbaine 2. Les élus locaux le demandaient, reste à connaître les évaluations, les moyens mis à disposition et les territoires éligibles, qui feront l’objet d’un rapport remis au Premier Ministre à l’automne prochain.
A Vénissieux, la convention ANRU 2005-2010 a été bien valorisée et les transformations sont visibles sur l’ensemble de notre commune. Les crédits ANRU pour les opérations du Grand Projet de Ville de Vénissieux ont été engagés à plus de 90% et 69 opérations sur 70 sont passées en phase de mise en œuvre. Il y a eu des avancées bénéfiques, significatives et incontestables. Il n’en demeure pas moins que le Programme National de Rénovation Urbaine, lancé en 2003, n’a pas réussi à réduire significativement les inégalités sociales dans de nombreux quartiers.
Le rapport 2010 de l’observatoire national des zones urbaines sensibles en a fait le constat : dans les 751 quartiers retenus, le chômage, l’échec scolaire et la délinquance ont continué d’augmenter. Ces limites ne surprendront personne : sans les leviers économiques, sociaux, sans la présence forte des services publics, sans une éducation nationale digne de ce nom avec des profs, des moyens et de meilleures conditions de travail, les territoires abandonnés par l’Etat depuis des décennies peinent à sortir de la pauvreté et de la ghettoïsation. En somme, la rénovation urbaine doit être globale ou ne sera pas !
Il existe des solutions pour sortir de la spéculation immobilière, pour sortir les territoires des zones grises, à travers, par exemple, la mise en place d’un grand service public du logement, d’un vaste plan de constructions de logements à loyers modérés, d’un moratoire sur le prix des loyers, de l’interdiction des expulsions, etc !
Il existe des solutions, oui, mais il faut que toutes les parties prenantes, l’Etat en premier lieu, aient la volonté de les impulser.
La Résidence Pierre Ronsard, c’est la convergence et la volonté affichée de tous les acteurs tirant dans le même sens. Il n’en va pas autrement pour résoudre une crise majeure inacceptable dans un pays comme le nôtre.
Je vous remercie.
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