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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Noces de diamant de Jacqueline et Georges SANLAVILLE

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Mai 2011, par admin

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion des noces de diamant de Jacqueline et Georges SANLAVILLE, samedi 7 mai 2011

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Retrouvez l’interview de Michèle Picard dans le flash info présenté par Lionel Breuzet


Jacqueline, Georges,

C’est un très grand plaisir pour moi de vous accueillir aujourd’hui dans la maison commune, la maison de la République, pour célébrer vos Noces de Diamant.

Fêter une union heureuse de soixante années est un privilège très rare dans la vie d’un couple. C’est l’expression d’une union particulièrement solide. Permettez-moi au nom de la municipalité et en mon nom personnel de vous présenter, toutes mes félicitations.

Imaginez un instant, que caméra au poing, je filme votre passé et votre présent. Comme si nous étions au cinéma, nous allons découvrir ou redécouvrir pour certains d’entre vous les événements qui ont marqué votre vie.

La vie est-elle un long fleuve tranquille ? Pas si sûr !

Jacqueline,

Afin de trouver du travail, tes parents quittent leur Ardèche natale pour s’installer vivre à Vénissieux. Blessé lors de la première guerre, ton père ne pourra pas reprendre son métier de boulanger et entrera au PLM (ancêtre de la SNCF) au dépôt de Vénissieux.

C’est donc à Vénissieux rue Pasteur que tu vois le jour le 17 octobre 1929. Ta famille habite à la cité PLM avenue Jean Jaurès baptisée pendant la Seconde Guerre mondiale avenue de la Mutualité.

Cette période est difficile, mais le bonheur a toujours accompagné ta famille : des séjours en Ardèche chez les oncles et tantes, des fêtes de Noël simples mais chaleureuses autour de l’arbre de Noël décoré de guirlandes et pour cadeau, les 2 garçons et les 3 filles recevaient mandarines, papillotes et tablier.

La guerre éclate l’année de tes 10 ans et plus rien ne sera comme avant. Tes parents doivent faire face à des difficultés grandissantes pour joindre les deux bouts. Ce sont des bombardements, la fuite dans les champs voisins au Cluzel ou bien dans les abris derrière la Maison du Peuple.

La résistance s’organise, ton père et ton frère Roger s’engagent dans le réseau Résistance-Fer principalement composé de cheminots français qui prirent une part active à la Résistance. Votre maison accueille en secret des inconnus de passage. L’esprit de solidarité n’est pas un vain mot dans la famille MONTEIL, aussi le silence est d’or : ne pas poser de question, ne rien dire.

Puis le 8 mai 1945 la capitulation allemande est prononcée et avec elle la fin de la guerre. A 15 ans, Jacqueline, tu prends part au déroulement des élections. Tu fais partie de tous ces Vénissians et Vénissianes qui attendent avec impatience le retour de Louis Dupic, déporté en Algérie qui deviendra maire. Parmi tes mentors, Marguerite Carlet figure en première position. Elle est un modèle pour toi, celui d’une femme engagée au service d’un idéal de justice et de liberté.

Malheureusement, la guerre d’Indochine éclate à son tour. Toujours aux côtés de Marguerite Carlet, tu fais signer des pétitions pour la paix en Indochine puis à Roanne et participes à une manifestation pour soutenir Jeanne PITAVAL, emprisonnée et condamnée à 8 jours de prison, pour avoir demandé que l’arsenal fabrique des casseroles plutôt que des canons.

Après un passage à la mairie de Vénissieux pour la distribution des cartes alimentaires, tu es embauchée à la Tubize avec ta sœur. Vous êtes toutes deux syndiquées et en 1950, à l’appel de Joliot Curie, vous faites signer dans les usines des pétitions contre une éventuelle guerre atomique. Ta sœur est licenciée en raison de son engagement dans cette action.

Puis tu es embauchée à la SPECIA, 1250 employés. C’est là que tu découvres les luttes à grande échelle. Les conditions de travail sont très dures surtout pour les femmes car pour certaines d’entre elles la journée est double ou triple si elles étaient militantes.

A 20 ans tu es élue membre du comité fédéral du Parti Communiste Français et ton engagement politique se poursuit encore.

Quant à toi, Georges

C’est le 15 janvier 1926 à Limas que tu viens au monde.

Tout comme ton beau-père, ton père est employé à la Compagnie des chemins de fer de la ligne Paris/Lyon/Marseille (PLM) et un ancien combattant de la première guerre mondiale. Ta mère confectionne des vêtements de travail et est membre de la CGT.

Après de brèves études interrompues à cause du régime de Pétain, tu fais une formation accélérée d’électricien.

C’est en 1941 que toute la famille SANLAVILLE s’installe à Vénissieux à la cité SNCF square André Lebon, à la suite de la mutation de ton père à Lyon-Perrache.

Puis, dès octobre 1941, tu es embauché aux usines Berliet en qualité d’ouvrier électricien. Tu travailles avec Jean Cazorla, qui te guidera dans tes premiers pas dans le monde du travail en usine puis tu adhères au syndicat CGT.

Malgré l’occupation allemande et la politique de Vichy, les milices patriotiques, très actives, se constituent au sein de Berliet qui travaille pour l’Allemagne.

En 1943 l’armée nazie occupe la zone sud et à l’appel de la CGT clandestine, une manifestation est décidée. Avec Jean Cazorla et André Mure, vous coupez l’alimentation électrique dans plusieurs secteurs au sein de l’entreprise. C’est un succès, l’activité de Berliet aura cessé 3 heures. Malheureusement le STO devenant un risque pour Jean Cazorla et André Mure, ils doivent quitter l’entreprise. Quant à toi Georges, tu es muté pendant plusieurs semaines dans les sous-sols de la fonderie.

Le 2 septembre 1944 Vénissieux se libère d’elle-même par un mouvement populaire d’insurrection anticipant l’arrivée des armées. C’est une grande joie populaire.

Mais fin 1946 éclate la guerre d’Indochine. Engagé dans l’armée de l’air tu es chargé avec d’autres camarades, de détruire des stocks de bombes laissées par les Japonais au moment de leur occupation dans les forêts de la Cochinchine. Plusieurs centaines de tonnes de bombes sont détruites.

De retour en France, tu es embauché aux Ateliers et Forges de Vénissieux, en qualité d’électricien d’entretien. Tu es désigné responsable CGT et en parallèle tu occupes la fonction de secrétaire du Mouvement de la Paix à Vénissieux présidé par Georges Roudil, adjoint au maire de Louis Dupic.

En 1949, tu quittes les Ateliers et Forges pour intégrer la fonction publique. Embauché à la ville de Vénissieux dans le service de l’éclairage public, tu adhères au syndicat CGT des municipaux puis un an et demi plus tard à l’Union Locale CGT de Vénissieux.

Toujours fidèle à tes engagements tu adhères en 1950 au Parti Communiste Français car pour toi, il y a toujours des combats à mener.

Le 28 avril 1951 c’est le grand jour, pour tous les deux car c’est le jour de votre mariage.

Vous aimez à rappeler les points que vous avez parmi tant d’autres en commun. Vos pères ont travaillé au PLM, tous deux ont dû quitter leur lieu de naissance pour trouver du travail et se sont installés à Vénissieux, ils sont aussi anciens combattants.

Avec la crise du logement d’après guerre, il est bien difficile de se loger et c’est une véritable galère pour trouver un logement décent. D’autant que la famille va s’agrandir.

En effet, le 2 novembre 1952, une charmante petite fille Laurette vient éclairer cette période difficile

C’est une grande joie pour vous deux, mais pour toi, Jacqueline ce n’est pas toujours facile de concilier ta vie familiale et ta vie de militante. Cela ne te désarme pas. Tu participes à la campagne de pétitions du PCF et de la CGT pour sauver les Rosenberg, élue membre du bureau de l’union locale CGT, puis membre de la commission exécutive des industries chimiques, responsable de la presse syndicale pour le journal Antoinette, présidente de la commission bibliothèque au comité d’entreprise, et à ceci s’ajoute ton activité dans la cellule du PCF. Tu participes également à la lutte contre le référendum qui donnait les pleins pouvoirs au Général de Gaulle.

Quant à toi, Georges, tu n’es pas en reste, non plus, puisque tu continues à prendre toujours plus de responsabilités politiques et syndicales ; Au PCF, tu es secrétaire de la section de Vénissieux, membre du comité fédéral du Rhône et membre du bureau national des vétérans, président de la section de l’ARAC pendant 10 ans, et enfin membre du bureau départemental de l’ARAC. Tu assumeras jusqu’en 2007 la présidence de l’association France-RDA à Vénissieux.

Puis arrive un autre heureux événement, la naissance du petit Jean-Pierre.

Pour toi Jacqueline, la fatigue se fait ressentir et des ennuis de santé t’obligent à mettre entre parenthèses tes activités syndicales.

Femme infatigable, militante convaincue, tu continues à diffuser dans ton quartier du Cluzel l’Humanité Dimanche, que tu distribueras pendant 33 ans.

En 1983, l’usine SPECIA est délocalisée à Saint-Genis Laval et c’est à ce moment là que tu arrêtes de travailler.

Georges détaché à la SACOVIV à partir de 1965, tu prends ta retraite en 1982. Retraite bien méritée. Mais cela ne t’empêche pas également de participer à la vie de Vénissieux, aux diverses manifestations.

Ce qui vous rapproche encore davantage tous les deux, c’est votre engagement pour un monde meilleur, pour vos enfants, vos petits-enfants mais aussi pour tous les hommes et les femmes dont les droits sont bafoués chaque jour à travers le monde.

Aujourd’hui, Jacqueline, Georges vous profitez pleinement de vos petits enfants et c’est avec beaucoup de fierté que vous avez su transmettre aux 3 générations de Sanlaville votre générosité et vos idéaux.

Toujours très actifs, vous vous êtes inscrits en tant qu’animateurs bénévoles aux activités proposées par le centre social de Parilly et plus particulièrement à des balades et randonnées pour la plus grande joie de vos groupes.

Si tu me le permets Georges, je dirais que tu es Toqué, attention pas toqué, bizarre ou timbré, mais d’après ce que j’ai entendu dire, un sacré cuisinier.

D’une personnalité discrète et réservée tu n’aimes pas que l’on dise de toi que tu es le leader du groupe des cuisiniers du centre social de Parilly nommés « les toqués » et pourtant c’est bien toi le chef cuisinier et quel chef ! Un vrai cordon bleu. Tu n’es pas de ceux et je dirai même de celles qui confondent les oignons de tulipes avec les oignons potager que nous utilisons pour agrémenter nos salades. N’est-ce pas Jacqueline. Cela doit te rappeler un lointain souvenir d’enfance. Mais je n’en dis pas plus, je ne vais tout de même pas dévoiler tes recettes originales de cuisine.

Mariage heureux, que celui de la cuisine et du chant. Deux arts que vous aimez faire partager.

Car lorsque Georges est en cuisine au centre social de Parilly, Jacqueline en profite pour pousser la chansonnette. Le chant c’est ta passion. Et, j’ose le dire, celui qui t’a mis le pied à l’étrier c’est ton frère Roger. Quand ? Et bien le jour où Roger te berçait dans ton landau pour te faire dormir lorsque par magie, ce n’est pas toi qui t’es endormie mais lui. C’est alors que le landau a basculé et tu t’es retrouvée face au sol, le landau sur ton dos. Tes hurlements ont réveillé ton frère. C’est très certainement ce jour là que tu as commencé tes premières vocalises.

C’est l’occasion pour moi de te dire combien j’aime t’entendre chanter tout particulièrement « L’Affiche Rouge » et « Nuit et Brouillard ». A chaque fois, j’en ai la chair de poule.

Mais, permettez-moi, avant de clore ce discours, de rendre un hommage tout particulier à vos parcours.

Vous avez participé à de belles aventures humaines en soutenant et participant à des actions et à des causes justes avec beaucoup de conviction et de courage.

Notre mémoire commune ne peut se passer de vos témoignages et je vous remercie pour votre investissement aux différentes manifestations, cérémonies commémoratives, conférences, animations ou expositions qui traitent des atrocités de la guerre. Car les générations futures doivent comprendre que rien n’est jamais acquis et qu’il faut rester vigilant.

Jacqueline, Georges, le jour de votre mariage fut un jour heureux. C’est pourquoi, aujourd’hui, c’est entourés de votre famille et de vos amis, que vous avez décidé de vous remarier symboliquement.

Chère Jacqueline, Cher Georges,

Je vais maintenant donner lecture des articles du Code Civil dans les termes mêmes où vous les avez entendus prononcer par Etienne Broallier, adjoint au maire, ce 28 avril 1951. Je vous demanderai ensuite de bien vouloir renouveler le consentement que vous aviez exprimé ce jour là :

ARTICLE 212 : Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.

ARTICLE 213 : Le mari, chef de la famille, a le choix de la résidence du ménage, la femme est obligée d’habiter avec son mari, celui-ci est tenu de la recevoir.

ARTICLE 214 : Le mari est obligé de fournir à la femme tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie, selon ses facultés et son état. Sur les biens dont elle a l’administration, la femme doit contribuer proportionnellement à ses facultés et à celles de son mari tant aux frais du ménage qu’à ceux d’éducation des enfants communs sauf dans les cas prévus aux articles 1537 ou 1575, où la contribution de la femme est fixée sur les bases établies en ces articles.

ARTICLE 215 : La femme mariée a le plein exercice de sa capacité civile. Les restrictions à cet exercice ne peuvent résulter que de limitations légales ou du régime matrimonial qu’elle a adopté.

Monsieur Georges SANLAVILLE, consentez-vous à prendre Madame Jacqueline MONTEIL pour épouse ?

Madame Jacqueline MONTEIL, consentez-vous à prendre Monsieur Georges SANLAVILLE pour époux ?

Dans quelques instants, vous apposerez à nouveau votre signature au bas de cet acte de mariage. Ce document n’a pas valeur d’acte d’état civil, il a la valeur du cœur, des moments partagés, des souvenirs : il est à conserver tout aussi précieusement.

Je vous adresse toutes mes félicitations, et tous mes vœux de bonheur. Je vous donne rendez-vous dans dix ans pour fêter vos noces de platine.

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