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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Plan de sauvegarde « Montelier 2 »
Juillet 2011, par adminLe 19 juillet 2011
Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la livraison des travaux du plan de sauvegarde « Montelier 2 », vendredi 8 juillet 2011.
Il y a un temps pour semer et un temps pour récolter.
Aujourd’hui, à l’heure de l’inauguration de la copropriété Montelier 2, il y a aussi un temps politique, de choix et de prises de décision, qu’il faut saluer avec l’ensemble des partenaires qui se sont associés, pour réaliser ce projet global de requalification.
En premier lieu, je féliciterai les copropriétaires qui ont pris en charge une quote-part moyenne de 3000€ par logement, et je sais que cet effort a pesé sur les ressources de certains d’entre eux. En temps de crise et de perte de pouvoir d’achat, l’investissement dont ils ont fait preuve est remarquable, comme une marque de confiance en l’avenir.
Et puis il y a l’État et l’Anah, le Grand Lyon, la Ville de Vénissieux et la Région, qui ont pris en charge 80% des 2,5 millions d’euros de travaux, sans oublier le syndic et la caisse des Dépôts et Consignations.
Mais le résultat est sous nos yeux : la copropriété Montelier 2 connaît une seconde vie, une renaissance. Meilleure qualité de vie pour les habitants, réduction de leurs charges, valorisation de la copropriété dans le quartier et dans la ville : ces trois éléments n’étaient pas gagnés d’avance, loin de là, et il a fallu la volonté et l’énergie de tous les partenaires, pour sortir d’une impasse qui aurait pu être catastrophique.Revenons un peu plus de dix ans en arrière. A la fin des années 90, la copropriété, qui compte 160 logements répartis sur 6 bâtiments, est au bord du gouffre. La situation du bâti se dégrade à toute allure, les propriétaires n’ont plus les moyens financiers d’inverser la tendance, Montelier 2 est en sursis. Menuiseries, toitures, terrasses, isolation, colonnes des eaux usées et eaux vannes, chauffage, ascenseurs, mise aux normes sécurité incendie, les dysfonctionnements sont tels, même au niveau de la gestion, que la copropriété est à deux doigts d’être placée sous administration judiciaire. On a bien frôlé le pire.
Depuis la signature de la convention de plan de sauvegarde, signée en 2006, entre les partenaires et la copropriété, Montelier 2 est sortie de l’ornière. Les réseaux d’eau et de gaz ont été remplacés et mis en conformité, des améliorations thermiques et énergétiques ont été apportées, la sécurité incendie, ainsi que la sécurité des personnes dans les allées, ont fait l’objet de travaux primordiaux.La dynamique amorcée a eu des effets positifs à tous les niveaux. En plus de 5 ans, la part des impayés dans le budget de fonctionnement s’est stabilisé sous les 10%, alors que les copropriétaires devaient faire face au financement d’une partie des travaux. Le syndic joue pleinement son rôle, et la part des propriétaires occupants s’est stabilisée à 62% en 2010. Notons aussi que les prix de vente au m2 se sont remis au niveau de l’évolution du marché, et ont presque quadruplé depuis 2003.
A l’origine du plan de sauvegarde, la volonté de faire diminuer les charges communes de la copropriété figurait dans les objectifs initiaux : s’élevant en moyenne à 103 € par mois par copropriétaires, l’objectif a été atteint, grâce aussi à des actions de sensibilisation, pour réduire la facture énergétique. Agir sur les comportements en faisant preuve de pédagogie et d’attention, credo que la ville de Vénissieux porte à travers de nombreuses campagnes sur le cadre de vie, la propreté, donne indéniablement des résultats porteurs d’avenir. Au terme de toutes ces opérations, on peut affirmer que la pérennité de Montelier 2 est assurée, et ce résultat, je peux vous l’assurer, n’était pas garanti il y a à peine 5 ans !
Il y a plusieurs façons d’apprécier cette renaissance de Montelier 2. La première, et elle est évidente, c’est que la volonté politique l’a emporté sur le défaitisme et la chronique d’une mort annoncée.
Les lignes peuvent bouger et les horizons s’éclaircir, à condition que tout le monde tire dans le même sens. Il faut reconnaître aussi la perspicacité et la volonté de fer exprimées par les précédentes majorités municipales, sous l’impulsion d’André Gerin. La Ville de Vénissieux a compris qu’il était de son devoir d’accorder des fonds publics pour accompagner les plans de requalification, aussi bien pour Montelier 2 que pour la copropriété des Grandes Terres des Vignes, sur le plateau des Minguettes.
Aujourd’hui que les résultats, probants, sont devant nous, ce transfert de subventions publiques vers le privé peut paraître naturel. Je me suis déjà exprimée à ce sujet, et je maintiens ma position : n’adoptons pas de position figée, ni dogmatique en la matière, mais veillons bien à ce que ces financements croisés renforcent l’intérêt général, améliorent le cadre de vie et la vie des habitants, servent la mixité sociale, et revalorisent le patrimoine.
Pour Montelier 2, et pour les Grandes Terres, ces obligations sont entièrement remplies, et c’est bien l’intérêt général, et non pas les profits de quelques grands groupes privés, que l’on vient abonder.L’autre grande leçon que l’on peut tirer des trajectoires de ces deux copropriétés, c’est que l’absence de l’Etat, pendant de longues décennies, et les effets des différentes crises (du choc pétrolier de 73 à la crise actuelle), font basculer des quartiers et la vie de leurs habitants au bord du précipice. La ghettoïsation des territoires commence souvent par l’indifférence des politiques nationales. Dans les deux cas, les copropriétaires avaient acquis leur logement par le fruit de leur travail et de leur épargne, souvent modeste. Et ce sont eux, entre autres, que les crises économiques frappent de plein fouet, entraînant par la suite, l’érosion plus lente, mais néanmoins progressive, de l’ensemble des quartiers populaires, du bâti, et au final du lien social.
Croire aujourd’hui, à l’occasion de cette inauguration et de ce sauvetage de Montelier 2, que ce type d’erreurs et de scénarios ne peuvent plus se répéter, c’est se croire déjà arrivé, alors que l’on est à peine parti.L’ANRU 2006-2010 a eu des effets positifs sur notre ville, et je tiens à féliciter tous ceux qui ont travaillé au Grand Projet de Ville, ainsi que l’ensemble de nos partenaires. Les crédits ANRU pour les opérations du Grand Projet de Ville de Vénissieux ont été engagés à plus de 90%, et 69 opérations sur 70 sont terminées, ou en phase de réalisation. Les conséquences positives et les transformations sur le terrain se voient à l’œil nu, et je crois que les Vénissians ont pris conscience de la profonde mutation que connaît notre ville, depuis ces dernières années.
Il n’en demeure pas moins que des problèmes de fond demeurent, persistent, et restent récurrents malgré les avancées qui ont eu lieu. Le rapport 2010 de l’observatoire national des zones urbaines sensibles est sans appel : dans les 751 quartiers retenus dans le cadre du programme de rénovation urbaine, le chômage, l’échec scolaire et la délinquance, ont continué d’augmenter.
D’autres données sont tout simplement affolantes : dans certaines ZUS en France, nous ne sommes pas loin de compter un jeune sur deux au chômage ! Les Politiques de la Ville nationales montrent là leurs limites, ou en tout cas, n’apportent pas des réponses suffisantes à la crise sociale actuelle. Je le répète à de nombreuses occasions : nul ne peut remplacer le droit commun et les missions régaliennes de l’Etat.Je vais vous donner un exemple concret. Le maire que je suis est satisfait de la reconduite du CUCS 2011-2014 à Vénissieux, et de l’avenant expérimental qui sera présenté au prochain conseil municipal. Des priorités ont été ciblées comme l’emploi, l’éducation et la sécurité. Mais les effets positifs du CUCS ne pourront jamais remplacer les dizaines de milliers de suppression de postes dans l’Education Nationale, ou encore les effets dévastateurs de la casse des services publics et de la fonction publique !
Le CUCS ne pourra jamais se substituer aux 800 journées non remplacées dans les écoles de Vénissieux depuis septembre 2010, qui ont pénalisé la formation des enfants, et détérioré les conditions de travail des enseignants ! Voilà le point sur lequel je veux insister : les politiques de la ville n’ont pas les capacités, et je dirais même ne sont pas de nature, à se substituer à la force du droit commun, applicable sur chaque centimètre de notre pays, sur chaque centimètre de notre République.
Montelier 2 montre que si tout le monde tire dans le même sens, que si l’Etat et les collectivités territoriales mettent à contribution l’ensemble de leurs moyens et de leurs compétences, alors les lignes de force changent, bougent, alors le pacte républicain reconquiert des territoires trop longtemps laissés en jachère.C’est, je le crois, l’avenir de la démocratie de notre pays, qui se joue dans ces quartiers, et il ne s’agit pas, aujourd’hui, de rester au milieu du gué.
Je vous remercie.
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