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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Rentrée 2011

Septembre 2011, par admin

Le 14 septembre

Michèle Picard tenait sa conférence de rentrée le jeudi 8 septembre dernier. Ci-après son intervention à cette occasion. Elle évoque la rentrée sociale et politique et fait le point sur l’évènement majeur de l’actualité vénissiane, le Grand Rendez-Vous de la Ville qui se déroulera du 28 septembre au 1er octobre prochains.

Je vous remercie d’être venus à cette conférence de presse de rentrée.

C’est l’occasion de revenir sur l’actualité de cet été, de parler de Vénissieux et du temps fort qui nous attend : le Grand Rendez-Vous 2011, du 28 septembre au samedi 1er octobre, auquel, bien sûr, la presse et les médias sont conviés.

Pour être directe, je qualifierais l’actualité internationale et nationale « d’été de la honte », et « d’été du renoncement ». La honte, c’est ce que je ressens à l’égard d’un système économique, qui laisse des millions de femmes, d’enfants, d’hommes mourir de faim en Afrique. 12 millions de personnes sont menacées de famine, dans ce qu’on appelle la corne de l’Afrique. La sécheresse n’explique pas tout, contrairement à ce que l’on veut nous laisser croire. La spéculation autour des denrées alimentaires a fait doubler le prix du riz en douze mois. Le maïs a augmenté de 63 %, affamant les populations en Somalie, au Kenya, au Soudan, en Ethiopie. Un drame à l’échelle planétaire, face auquel la communauté internationale se mure dans l’indifférence. Doté d’un budget initial de 6 milliards de dollars, le programme alimentaire mondial a vu son enveloppe budgétaire réduite à 2,8 milliards, car les pays riches ne cessent de diminuer leurs contributions.

J’ai choisi de commencer par ce cri de colère car, en miroir à cette tragédie et détresse humaines, a répondu une nouvelle fois le cynisme du capitalisme financier. 162 milliards d’euros ont été levés, pour venir à la rescousse des banques détentrices de la dette grecque. Arrogance de l’argent fou, qui sert à maintenir en place la bulle financière et la spéculation, alors que dans le même temps, des enfants meurent de faim en Afrique. Démence des gouvernements et des Etats qui mutilent les finances publiques, et se placent sous le joug des agences de notation. Les leçons de la crise de 2008 n’ont pas été tirées. Le capitalisme financier est resté bien en place, et ce sont les mêmes responsables, les mêmes argentiers, qui plongent, trois ans après, les peuples et les classes populaires dans des difficultés insurmontables.

Eté du renoncement également, car c’est le politique qui est le jouet et la proie de l’économique. Tant que ce rapport de domination perdurera, tant que la souveraineté nationale sera bafouée et bâillonnée par la loi du marché, tant que nous n’inverserons pas ce rapport de forces, alors nous irons droit dans le mur, droit à la catastrophe. Alignement, renoncement, j’ai presque envie de dire capitulation : à travers la crise de la dette, c’est l’Etat régalien que l’on démantèle, que l’on neutralise ! Ce que l’on appelle La Règle d’or, que Nicolas Sarkozy veut inscrire dans la constitution, c’est se lier pieds et poings à la gouvernance économique, qui veut avoir les coudées franches pour liquider les emplois, les savoir-faire, les industries et les résistances des politiques publiques. Il joue sur ce levier afin de passer pour un bon gestionnaire, responsable de l’équilibre budgétaire. Mais qui a contribué à creuser les déficits publics de la France en l’espace de quatre ans, si ce n’est le trio Sarkozy-UMP-Medef.

Toute la fiscalité, sommet ahurissant d’injustices et d’arrogance, a été orientée en faveur des plus riches : bouclier fiscal, suppression de la taxe professionnelle, exonérations de cotisations sociales, qui pèsent au bas mot plus de 170 milliards d’euros ! 20 milliards d’euros de cadeaux aux ménages les plus favorisés, 30 milliards d’euros pour les seules niches fiscales, voilà comment le déficit public est passé de 3,2% du PIB à 7,1% depuis 2007 ! Au bout de cette logique folle, il y a l’austérité généralisée pour les classes populaires, et la droite sarkozyste qui continue la gabegie des finances publiques. A qui présente-t-il la facture ? Au peuple, avec une hausse des mutuelles, augmentation des frais de rentrée, des prix alimentaires, des carburants, des loyers…

La fumisterie de la fiscalité de Nicolas Sarkozy ne trompera personne : sa taxe sur les très hauts revenus, qui devrait modestement rapporter 200 à 300 millions d’euros, est à comparer aux 2 milliards d’euros de baisses d’impôts pour les très grosses fortunes liées à la réforme de l’ISF. Pendant ce temps-là, les plus modestes, les jeunes, les salariés, les ouvriers, les familles, trinquent, étouffent, basculent au mieux dans la précarité, au pire dans la pauvreté. Dans sa dernière étude, l’INSEE a montré que la pauvreté avait gagné du terrain en 2009. Plus de 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont près de 4 millions avec 773 euros mensuels seulement. A-t-on idée de la vie de ces hommes, femmes, enfants, qui doivent atteindre la fin du mois avec 770 euros en poche ! Ce sont les plus pauvres qui ont été frappés le plus durement par la crise économique, mais les difficultés s’étendent aussi à une partie des classes moyennes. En 2009, le pouvoir d’achat des personnes les plus en difficulté a baissé de 1,1%. Le taux de pauvreté des retraités a atteint les 10% en 2009. La pauvreté explose, galope, elle ronge notre société, et elle touche de plus en plus de travailleurs. Avoir un emploi ne garantit plus une vie digne. 10,1% des actifs de plus de 18 ans sont pauvres, et ce chiffre augmente d’année en année.

Cette société-là est devenue le réceptacle de toutes les injustices, jusqu’à déformer le rapport au travail, synonyme d’exploitation, d’esclavagisme des temps modernes. La crise morale que nous traversons, résulte aussi dans cette addition d’excès, indécents, révoltants, en un mot, vulgaires. La transition entre la situation internationale, nationale, et l’impact sur le tissu local, elle est sous nos yeux, et elle s’appelle Veninov. Le combat que nous menons, c’est un combat pour la dignité des salariés, pour le respect de l’emploi et du savoir-faire, pour la défense des activités et de l’industrie en France. C’est aussi une lutte pour notre histoire, notre identité et notre patrimoine vénissians. Comment une entreprise historique, viable et leader européen reconnu, peut-elle être saignée à ce point, par les requins de la finance ? On ne peut pas tolérer de telles pratiques, pratiques d’un capitalisme mortifère et de patrons voyous. Veninov a été vendue, puis rachetée, puis revendue. Des fonds de pension interviennent en sous-main, dans le montage financier : voilà les mécanismes souterrains du libéralisme à l’œuvre, entre sabotage, spoliation, liquidation, destruction. J’appelle ça du vandalisme économique, ni plus ni moins. 90 salariés vivent dans l’angoisse du présent, dans l’incertitude du lendemain.

Avec le comité de soutien que nous avons créé, fort de 900 signatures, avec les salariés, les syndicats, les forces progressistes et les Vénissians, nous avons mobilisé les pouvoirs publics, le préfet et les ministères, pour que Veninov vive. Lâcher ce combat-là, c’est lâcher un fleuron de notre commune, et c’est lâcher bien plus encore que le sort d’une entreprise. C’est démissionner face à un système économique qui ravage tout sur son passage, et notre ville a déjà payé un lourd tribut en la matière, avec la fermeture de Saint-Jean Industries. Les luttes perdues sont celles que l’on ne mène pas. Le mois de septembre, avec une table ronde en préfecture et d’autres initiatives programmées, sera un mois clé pour les salariés et l’activité du site (je vous rappelle la conférence de presse programmée demain matin à 11 heures, sur le site de l’entreprise).

Ne baissons pas les bras, ne lâchons rien, car cette entreprise a, j’en suis convaincue, un avenir devant elle. Le concert de soutien, il y a à peine une semaine, montre que la mobilisation continue, que la résignation ne gagne pas les rangs, qu’il faut se battre, encore plus nombreux, pour sauver Veninov. L’enjeu en vaut la chandelle, si je puis me permettre, car il dépasse le cadre local. A travers Veninov, nous luttons pour le respect des salariés, des savoir-faire et de la production nationale. Nous luttons pour l’application du code du travail, les investissements dans l’outil de production, la recherche et l’industrie. Nous demandons une harmonisation des législations et des fiscalités, pour lutter contre les délocalisations, et sanctionner ceux qui se livrent au monopoly financier, au mépris des hommes, du droit et des outils de production. Ce combat d’aujourd’hui est aussi un combat pour l’avenir, pour l’emploi et la formation des jeunes générations, pour la place de l’appareil de production dans notre pays.

Résister au présent, penser, esquisser, imaginer Vénissieux à l’horizon 2030. C’est l’autre très forte actualité de cette rentrée de notre ville, à savoir le Grand Rendez-Vous 2011, du 28 septembre au 1er octobre. C’est à la fois un point d’ancrage à mi-mandat sur ce qui a été fait, et un point de projection tourné vers l’avenir de notre ville : son futur développement, ses perspectives, ses lignes de forces, ses faiblesses qu’il nous faudra combattre. J’invite bien évidemment les habitants, les forces vives, citoyennes, le tissu économique, la presse et les médias, à suivre cet événement de première importance. Venez échanger, venez débattre, venez proposer et imaginer la ville qui est la vôtre, et qui sera celle de vos enfants. Vénissieux appartient aux Vénissians, et son horizon dépend de ce que, ensemble, nous voulons en faire.

C’est plus qu’un rendez-vous, c’est une promesse, promesse de bâtir une ville toujours plus solidaire, plus harmonieuse, plus juste, plus belle aussi. En préambule à une programmation très riche, vous allez le voir, je tenais à illustrer le parcours de Vénissieux à travers un nouveau livre, publié à l’occasion du Grand Rendez-Vous. Un livre-panorama pour regarder notre ville, ses quartiers, ses visages, son mouvement, sous un autre angle. En ouvrant cet ouvrage, je crois que nous entrons dans ce qu’est Vénissieux en 2011, et nous parcourons ce que les précédentes équipes municipales et les habitants ont réalisé ensemble : une ville populaire, énergique, qui a avancé, en refusant toute forme de fatalité. Une ville de caractère, sortie de l’ornière, tournée vers son avenir. Pour préparer ce Grand Rendez-Vous, nous avons profité du travail mené par les trois commissions que nous avons créées, en début de mandat : la commission de lutte contre la grande pauvreté pour une vie digne ; le conseil citoyen de développement humain durable ; le conseil de développement industriel de Lyon Sud-Est. – (l’actualité récente rend nos orientations plus que pertinentes).

J’insiste sur ce point, car il serait faux de réduire le Grand Rendez-Vous 2011, à la seule dimension urbaine de Vénissieux à l’horizon 2030. C’est un enjeu important bien sûr, qui fera l’objet d’une présentation détaillée, dès le premier jour du Grand-Rendez Vous, mais il n’est pas le seul. Une ville ne se résume pas à une addition de grues et de chantiers. Une ville, c’est aussi une question de citoyenneté et d’écocitoyenneté, c’est la question du vivre ensemble, et des résistances communes que nous pouvons mettre en place face à l’ordre, ou plutôt face au désordre économique actuel. Une ville, c’est aussi la question de la création, de la place de la culture, des transmissions des savoirs, et de l’épanouissement de sa jeunesse. Une ville, c’est la question des énergies, des modes de consommation et de déplacement. Il faut les repenser, les partager, les optimiser, aussi bien dans notre approche sociale et collective, que dans nos comportements individuels. Une ville, c’est enfin la place des entreprises, des métiers et des formations d’avenir. C’est cet ensemble hétérogène qui doit avancer en phase et en concertation. L’ambition de ce Grand Rendez-Vous est de couvrir plusieurs champs d’exploration en même temps.

Outre la présentation du livre, la première journée sera aussi consacrée au lancement de l’agenda 21, feuille de route et d’actions, pour vivre dans une ville toujours plus humaine, toujours plus respectueuse, et sensible à son environnement. Deuxième temps fort : le développement de Vénissieux, au cours duquel les grands projets d’urbanisation (Axe Bonnevay, Cœur de Ville, Plateau des Minguettes), seront abordés de façon transversale et globale. La place de l’entreprise dans la cité, le développement de l’emploi local, les métiers et les formations d’avenir dans le secteur de l’automobile, feront l’objet de conférences et de débats, le jeudi 29 septembre.

Alors que près de 4 millions de foyers en France souffrent de précarité énergétique, je crois nécessaire d’ouvrir un vaste débat sur l’accès et le droit à l’énergie, dans sa dimension sociale, pas seulement environnementale. C’est ce que nous ferons avec les spécialistes et intervenants sur le sujet. La pauvreté mute et augmente, elle touche de nouvelles couches sociales, frappe les femmes, les jeunes, mais aussi bon nombre de retraités. Elle est le fruit et la conséquence directe des politiques libérales, menées depuis plus de trente ans. Elle est le résultat de ces trois décennies de cynisme, d’individualisme et d’égoïsme. Comment lutter contre ce fléau, quelles solutions politiques innovantes apporter, pour contrer le retour du déterminisme social ? Comment répondre au plus près des gens, à une urgence et détresse sociale exponentielle ? Une ville solidaire pour une vie digne, c’est le thème de la table ronde du vendredi 30 septembre, qui sera suivie dans la journée, par un atelier santé.

Il s’agit pour l’ensemble des forces progressistes, citoyennes et syndicales, de fédérer les énergies, de résister, mais aussi d’explorer de nouvelles pistes, pour défendre le pacte républicain, relancer la démocratie de proximité, et réaffirmer le rôle central de la commune. Cette question est de notre ressort, et elle fera l’objet d’un débat, où les forces de gauche doivent incarner et porter toujours plus haut, les aspirations et demandes des Vénissians. Comment aider les jeunes, comment les accompagner vers plus de citoyenneté, plus d’engagements et d’implications. Les 15-25 ans ne sont pas que des vecteurs de consommation, ils veulent ouvrir des portes, trouver des points d’ancrage, s’investir dans une société plus juste qu’aujourd’hui en 2011. Ils ont des droits, ils ont des devoirs, ils ont aussi une place que la collectivité doit leur procurer.

Toutes ces lignes de forces relèvent aussi de la ville de demain, une ville où le vivre ensemble, la solidarité et la justice sociale, dessinent de nouvelles perspectives, impulsent un nouvel élan. Voilà les grands axes autour desquels nous allons donc travailler en étroite collaboration, avec l’ensemble de nos partenaires : Département, Région, Grand Lyon, Sytral, l’Agence d’Urbanisme, la CCI, les entreprises…

Je voudrais remercier également, tous les intervenants qui ont répondu présent à notre Grand Rendez-vous, comme Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire, Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France, ou encore Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon. Ces quatre jours de travail et d’échanges seront ponctués par les inaugurations de la chaufferie bois Georges Levy, des serres municipales, et par les dix ans de la Médiathèque Lucie-Aubrac suivie d’une soirée de concerts et de spectacles.

Enfin en conclusion, auront lieu les Reconnaissances Vénissianes, mise à l’honneur de celles et ceux qui contribuent, souvent avec discrétion et humilité, à l’essor et à la valorisation de notre commune. Je vous donne donc rendez-vous à la fin du mois à Vénissieux, dans une ville en mouvement et en actions.

Je vous remercie

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