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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Le droit à l’énergie

Septembre 2011, par admin

Le 29 septembre

Retrouvez l’introduction de Michèle PICARD, lors de la conférence« le droit à l’énergie », à l’occasion du Grand Rendez-Vous, jeudi 29 septembre 2011.

Avant de parler d’énergies renouvelables, de Grenelle de l’environnement, de dépendance au fuel, j’aimerais que chacun prenne conscience de la réalité sociale : plus de 3,4 millions de foyers en France sont en état de précarité énergétique. Qu’est-ce qu’on entend concrètement par ce terme ?

Cela veut dire que des millions de familles, avec des enfants, éprouvent des difficultés à se pourvoir en énergies, du fait de leur situation financière et/ou de la qualité de leur habitat. Chauffer devient un luxe, s’éclairer, prendre une douche chaude un rationnement. L’urgence énergétique recoupe aussi bien l’urgence du logement social en France, que l’urgence sanitaire. Ne pas appuyer sur un bouton électrique ici, reporter des soins dentaires ou autres là-bas, voilà ce que vivent près de 8 millions de personnes, aujourd’hui en France.

J’attire votre attention sur ce point, car je suis convaincue que la précarité énergétique et la précarité sanitaire, résultat des politiques libérales des années 90-2000, avec l’augmentation des prix de l’électricité, des énergies fossiles, mais aussi des mutuelles et les déremboursements de médicaments… Ces deux précarités vont s’accentuer, et exploser dans les années à venir. Nous n’en sommes qu’au début, je le crains, et nous payons là, aussi bien la déréglementation et la privatisation de nos grandes entreprises, que le démantèlement de la sécurité sociale.

L’énergie est un bien vital, et c’est ce qu’avait compris le Conseil National de la Résistance, en nationalisant l’électricité, le gaz, mais aussi les richesses du sous-sol. Rime de l’histoire certes, mais rime d’une stupéfiante modernité, 65 ans plus tard, à l’heure justement où la spéculation foule aux pieds, les droits les plus élémentaires et les plus universels : droit de s’alimenter (alors que l’on laisse les populations de la Corne de l’Afrique mourir de faim), droit de se loger, droit de se soigner, droit de se chauffer. Que ce soit sur d’autres continents, ou ici en France, les mêmes mécanismes sont à l’œuvre, et ce sont les plus fragiles qui en font les frais.

Dans un contexte de libéralisation généralisée des matières premières, la ville de Vénissieux a, au contraire, développé une politique de solidarité et de partage. Nous sommes propriétaires d’un des réseaux de chaleur les plus importants de l’agglomération, avec plus de 10 000 logements raccordés. Notre volonté est triple : réduire les coûts énergétiques pour les Vénissians ; diversifier nos ressources, afin de sortir de la dépendance au fuel ; améliorer notre cadre environnemental. Ces investissements sont des investissements lourds, mais ce sont des investissements d’avenir. La spéculation autour des énergies fossiles est telle, que nos investissements et efforts ne parviennent pas à compenser les hausses de prix.

Ils en atténuent les effets certes, mais il reste, malgré tout, énormément de travail, notamment en matière d’isolation et d’écarts de consommation, entre les différents bâtiments. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé aux bailleurs, la mise en place d’un réseau de surveillance de consommation, en association avec les habitants.

L’année 2010 a été difficile pour certains foyers, avec des augmentations de leur facture de chauffage de 30%. Au cours de ces 12 derniers mois, les coûts du fuel ont bondi de 38%, ceux du gaz de 6,5%, auxquels s’est ajouté un hiver rigoureux. Ces données nous confortent dans notre choix de réduire au maximum la part des énergies fossiles. Grâce à l’installation de deux chaudières biomasse, notre réseau de chauffage urbain fonctionne aujourd’hui avec 40% d’énergie renouvelable.

Notre réflexion ne s’est pas arrêtée à la reconstruction de la chaudière bois, aujourd’hui opérationnelle, mais dont les dysfonctionnements, liés aux erreurs du concepteur-constructeur d’origine, nous ont porté préjudice entre 2006 et 2010. Nous continuons de creuser notre sillon avec, à court terme, le remplacement de la chaudière 3 (énergies fossiles), par 2 chaudières gaz de 7,5 MW de puissance unitaire. Nous sommes en négociation avec Dalkia, pour obtenir les prix les plus intéressants possible dans cette filière. Enfin, nous travaillons sur l’hypothèse d’une deuxième chaufferie bois à moyen terme, d’une puissance de 10 MW, qui nous permettrait de franchir le seuil des 50% d’énergies renouvelables.

Au-delà de l’impact écologique, ce passage au-dessus de la barre des 50% aurait des répercussions chez les usagers, dont la TVA passerait de 19,6 à 5,5% pour leur consommation. Ça représenterait en moyenne une économie de 10% sur leurs factures, ce qui n’est pas négligeable.Pour donner un ordre de mesure, depuis 2003, la Ville et son délégataire ont investi près de 15 millions d’€ pour diversifier les énergies, et améliorer le cadre environnemental. Ce chiffre, impressionnant, doit nous interpeller aussi sur le financement de l’application du Grenelle de l’Environnement, à partir de 2013. Je pose une question simple : qui va payer le surcoût de 10 à 15%, que les nouvelles normes de construction vont générer pour chaque projet ?

Pour conclure, la question du droit à l’énergie est une question sociale, politique, une question de choix, mais elle relève aussi de la citoyenneté et de la proximité. Changer nos comportements, emprunter les transports publics, privilégier le covoiturage le cas échéant, arrêter les gaspillages en tous genres : ces gestes-là, j’ai envie de dire, nous regardent et n’attendent que nous. Consommer autrement, en se souciant de son environnement et des futures générations, en finir en somme avec les années gloutons, alors que les ¾ de la planète vivent dans le besoin, c’est un objectif qui ne doit effrayer personne. Au contraire, il doit tous nous rallier.

Je vous remercie.

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