Sites Web : Signature du CUCS expérimental - Blog de Michèle Picard

Publié le lundi 23 mars 2009

⇒ http://www.michele-picard.com

Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Signature du CUCS expérimental

Décembre 2011, par admin

Le 2 décembre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de la signature du Contrat Urbain de Cohésion Sociale Expérimental, jeudi 1er décembre 2011

Penser l’urbain sans l’humain, c’est donner naissance à des quartiers sans visage, sans identité, sans vitalité.

Ville de caractère, ville singulière, Vénissieux se développe ainsi, sans renier son passé industriel et populaire, sans déposséder les habitants de leur propre commune, de leur propre histoire.

Elle se développe surtout en appuyant sur tous les leviers possibles, en agrégeant toutes les potentialités. Il n’y a pas l’urbain d’un côté et l’humain de l’autre, ce qui nous ferait répéter les erreurs du passé, mais un ensemble de forces disparates à mettre en mouvement.

Pour chaque projet urbain, nous tenons à faire avancer la ville de façon cohérente : du logement social, mais aussi une diversité de parcours résidentiels. De nouveaux ensembles, mais avec, au pied des résidences, la présence des services publics de proximité, de commerces, d’équipements publics de qualité, pour le sport, pour la culture, pour le bien-être des habitants. Cohérence encore d’un développement homogène des territoires, les uns par rapport aux autres, plus reliés entre eux, et tirés vers le haut en même temps.

Il a fallu des décennies pour desserrer l’étau de la ghettoïsation, pour briser les préjugés et les clichés négatifs qui collaient à Vénissieux.

C’est le fruit d’une politique volontariste et transversale, le fruit, bien évidemment, de la collaboration avec l’ensemble de nos partenaires, car une ville ne s’épanouit pas en vase clos.

En matière d’éducation, de sécurité, d’accès à la culture, à la santé, de qualité de nos services publics, nous n’avons rien lâché, rien cédé, quand certains pensaient que nous ne sortirions jamais de l’ornière.

Le résultat est sous nos yeux, et peut-être, Monsieur le Ministre, comme bon nombre de journalistes et visiteurs, avez-vous été surpris par notre ville : urbaine et verte, populaire et solidaire, à l’attractivité et à l’élan retrouvés.

Tout n’est pas parfait bien sûr, mais l’attachement des Vénissians à leur ville montre l’étendue du chemin que nous avons parcouru ensemble.

La signature de l’avenant expérimental au CUCS 2011-2014 marque donc une nouvelle étape dans le renouvellement urbain des Minguettes.

J’ai choisi cette expression de « nouvelle étape », car il me paraît primordial de ne pas simplement prolonger le contrat urbain de cohésion sociale précédent, mais de profiter de l’expérience acquise, pour rendre ce second volet plus efficace encore.

Ici à Vénissieux, nous n’avons pas cessé de demander une suite au CUCS 2007-2010, de même qu’il nous a toujours semblé prioritaire que l’État reconduise un programme national de rénovation urbaine 2, ce que vous avez annoncé, Monsieur le Ministre, en février dernier à l’Assemblée.

Les souhaits que nous avons formulés s’appuient sur les bilans tirés du CUCS 2007-2010. 80% des actions à mener ont été mises en œuvre. Il y a eu en moyenne 13 000 bénéficiaires des actions CUCS par an à Vénissieux. Les crédits ANRU, pour les opérations du Grand Projet de Ville, ont été engagés à plus de 90%, et 69 opérations sur 70 sont terminées, ou en phase de réalisation.

Vénissieux a été l’une des villes les plus volontaristes de l’agglomération en la matière. Il faut s’en féliciter et mettre en exergue le travail effectué par le GPV, et l’ensemble des partenaires. Les habitants des Minguettes et de Max Barel en ont récolté les fruits, et ils ont été sensibles aux actions réalisées, dans le cadre du CUCS 2007-2010.

L’avenant expérimental, que nous paraphons aujourd’hui, répond à l’une de nos préoccupations majeures : faire en sorte de mobiliser plus efficacement les moyens de droit commun, en faveur des habitants. L’éducation, l’insertion, l’emploi, la prévention et la sécurité, forment les trois axes forts du nouveau Contrat urbain de cohésion sociale.

Par ailleurs, la ville de Vénissieux a choisi d’élargir les domaines d’intervention et d’actions, à des sujets et des enjeux de société qui me paraissent cruciaux : l’accès à la santé, à la culture, le renforcement de la citoyenneté pour bâtir un nouveau pacte républicain, ou encore l’amélioration du cadre de vie. Le chantier qui est devant nous doit être mis en œuvre, avec une ambition et une détermination inégalées. Car les derniers rapports de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles pointent du doigt les limites actuelles des politiques de la ville.

Des résultats positifs ont été enregistrés, Vénissieux peut en témoigner, mais le chômage des jeunes reste endémique, et atteint, vous le savez monsieur le Ministre, des proportions catastrophiques dans la plupart des zones urbaines sensibles. 43% des jeunes hommes, et 37% des jeunes femmes y sont sans emploi.

Toujours selon l’ONZUS, ces quartiers concentrent deux fois plus d’allocataires des minima sociaux, deux fois plus de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, et trois fois plus de bénéficiaires de la couverture maladie universelle, que sur le reste du territoire.

Échec scolaire, déséquilibre entre habitat peuplé et emploi sous-représenté, hausse de la délinquance, désertification médicale, concentration des familles issues de l’immigration, ou monoparentales : oui, l’ambition et la détermination devront être au rendez-vous, car nous sommes loin, bien loin, d’avoir remis sur pied les zones urbaines sensibles de notre pays, que la crise actuelle, de surcroît, frappe de plein fouet.

En première ligne, comme tous les maires, je peux vous certifier, Monsieur le Ministre, que cette crise frappe fort, très fort, et pas simplement dans les quartiers populaires.

A ce titre, le combat que nous menons pour sauvegarder l’industrie française, pour sauvegarder Veninov par exemple, s’inscrit dans cette bataille de l’emploi de proximité et de nos savoir-faire, sur laquelle il ne faut pas céder un pouce de terrain !

Il y a deux mois à peine, nous avons débattu, discuté, avec les habitants, nos partenaires institutionnels, civils, économiques, dans le cadre de notre Grand Rendez-vous 2011, pour dessiner notre ville à l’horizon 2030. Parmi les forums et tables rondes, il y avait aussi un anniversaire, les dix ans de la Médiathèque, réalisée par Dominique Perrault.

L’architecte s’exprimait ainsi à l’époque. Je le cite : « Le problème des grands ensembles n’est pas de les avoir construits, mais de les avoir abandonnés ! Pendant 15 ans, la France avait bonne conscience parce qu’on avait logé les gens, mais personne n’a parlé « d’habiter ! » ». Je partage entièrement son analyse.

Le péril aujourd’hui serait de croire que les politiques de la Ville ont pour mission de se substituer aux politiques de l’Etat, de croire que la mise en application de l’une pallierait les absences du droit commun. N’inversons pas les priorités.

L’avenant expérimental au CUCS 2011-2014 sera un outil efficace, à condition que l’État maintienne au préalable ses missions régaliennes, et sa présence sur l’ensemble du territoire. Éducation nationale, santé, justice, police, services publics, voilà la force du droit commun, voilà ce que demandent ces quartiers.

Les politiques de la ville interviennent ensuite, et surtout en complément, pour apporter un plus à tel ou tel territoire en plus grande difficulté.

Mais le socle commun, c’est la présence du droit commun, sur chaque centimètre que compte notre République, qui le renforcera.

Pour garantir l’efficacité des actions à mener, donnons également aux collectivités locales, premier échelon de la République, les moyens et l’autonomie nécessaires, qui leur permettront d’agir au plus près des réalités, au plus près des habitants, au cœur des quartiers populaires.

Les outils que nous mettons en place ne doivent pas être détournés, par défaut, de leur finalité : il ne s’agit pas de gérer la pauvreté, ni de l’accompagner, mais bien de la combattre. C’est le sens et le but que la ville de Vénissieux veut donner à cet avenant expérimental.

Je vous remercie.

→ Lire la suite sur le site d’origine…


Revenir en haut