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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Vœux au personnel
Janvier 2012, par adminLe 13 janvier 2012
Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion des vœux au personnel de la Ville de Vénissieux, mercredi 11 janvier dernier.
Vénissieux avance, et c’est aussi grâce à vous. De nouvelles familles s’installent dans notre commune, voire reviennent dans une ville qu’ils avaient quittée, et c’est grâce à notre identité vénissiane : on n’y cherche pas uniquement un logement social, on y cherche la qualité et la présence des services publics de proximité, que vous portez et offrez tous les jours aux Vénissians. On y cherche un accompagnement, un voisinage, une vie de quartier. On y cherche des possibilités, pour la crèche du tout petit, pour l’école des plus grands, pour les temps périscolaires ou extra scolaires. On y trouve des équipements publics de qualité pour tous : sport, culture, loisirs. C’est le portrait d’une ville à laquelle rien n’a été donné, c’est le portrait d’une ville que tout le monde ici a contribué à faire avancer.
Il y a, chez les Vénissians, un attachement profond à leur ville, à son passé, à ses racines, une fierté légitime d’appartenir à une commune qui fait front, malgré les crises de ces quarante dernières années. C’est ce sentiment-là aussi, qui habite les agents et fonctionnaires des services de la ville : apporter nos compétences au service de l’intérêt général, au service des Vénissians. Lors du Grand Rendez-Vous organisé en septembre dernier, ce sentiment d’une ville qui avance dans le bon sens s’est manifesté, à travers les nombreux débats et tables rondes auxquels chacun de vous a apporté sa pierre. Vénissieux est en mouvement, il s’y passe des choses, des projets forts la tirent par le haut, voilà ce qu’ont ressenti les partenaires et intervenants, qui se sont associés à cet événement.
Si l’on peut parler de succès du Grand Rendez-Vous, il se situe dans cette formidable tribune, et dans cette promotion auprès des habitants de nos services publics de proximité, de votre professionnalisme, et de votre engagement pour défendre le vivre-ensemble, pour lier les quartiers entre eux, et accentuer encore ce sentiment d’appartenance à Vénissieux. Votre travail, c’est le travail du quotidien, le ciment d’un territoire, c’est un travail qui se voit mais qui ne s’affiche pas. Services rendus, services dus, certes, mais nos habitants doivent aussi prendre conscience que ce sont des services défendus par nos choix politiques, que ce sont des services incarnés par des hommes et des femmes, par des fonctionnaires qui aiment leur travail, et qui agissent pour leur ville.
Une Atsem par classe en maternelles, des structures d’encadrement pour les temps périscolaires, extrascolaires, des équipements publics rénovés, modernisés, pour l’accès à la culture, aux sports. Toutes les villes de l’agglomération n’affichent pas forcément une telle volonté, ni une telle ambition en matière de services publics de proximité. Et c’est en cela que j’appelle le service rendu, un service voulu, défendu bec et ongles par les élus et un budget de résistance, défendu bec et ongles par les agents des services de notre ville, toujours au plus près du terrain, toujours au plus près des Vénissians.
L’année 2012 sera, à plus d’un titre, une année-clé, une année charnière, une année imprévisible aussi, tant la voracité du capitalisme financier crée des inégalités et injustices sociales, écœurantes et révoltantes. Une année charnière pour les missions de service public, pour la fonction publique et les collectivités locales, j’y reviendrai, mais aussi et tout simplement pour les citoyens que nous sommes. A travers les échéances qui nous attendent, une question écrase toutes les autres : veut-on renforcer et reconstruire un état social, un état solidaire, un état redistributif en France, ou veut-on assister à son démantèlement, et à sa disparition annoncée sous la loi du marché, la loi du plus fort, la loi de l’argent fou et du triple A ?
Après le désastre économique et social généré par la finance depuis 2008, après la politique de terre brûlée menée par Nicolas Sarkozy, il n’y aura pas d’autres sursis pour le modèle social que nous défendons. Soit, ensemble, on le recompose et on le réinvente, soit il explose sous nos yeux, avec des conséquences dramatiques pour chacun de nous et pour les prochaines générations. C’est maintenant que ça se joue. C’est maintenant que la révolte civique de chaque citoyen doit agir. C’est à nous et à nous seuls d’adresser un triple Zéro au capitalisme financier.
C’est à nous de remettre l’humain, l’éducation, la justice, la santé et la bataille pour l’emploi, pour une industrie française innovante, c’est à nous de prendre à bras le corps tous ces chantiers et de les remettre à leur place : au cœur du politique, et à la cime des projets politiques. C’est à nous de mettre au pas l’économique, la spéculation et les agences de notation, qui sont en train d’étrangler les politiques sociales, qui sont en train de mettre à bas les souverainetés nationales, qui sont en train d’assoiffer les peuples, les salariés, les employés, qui sont en train d’alimenter la rancœur, la colère et le ressentiment des citoyens, de Grèce ou d’ailleurs.
Car pendant ce temps-là, la pauvreté augmente en France et se généralise : selon l’INSEE, près de 8,2 millions d’hommes et de femmes vivent avec moins de 954 euros par mois, dont 50% d’entre elles, avec moins de 773 euros mensuels. A Vénissieux ou ailleurs, les associations caritatives, tous les ans, voient arriver de plus en plus de personnes démunies, de familles monoparentales au bord du gouffre. En deux ans, le montant de l’aide sociale accordée par le CCAS a augmenté de 30%. Car pendant ce temps-là, la santé devient un luxe pour bon nombre de Français, fruit du démantèlement de la sécurité sociale, voulue par Nicolas Sarkozy, la hausse de la taxation des mutuelles, du forfait hospitalier, etc…
Car pendant ce temps-là, notre école publique, notre école de l’égalité des chances, notre école de la laïcité et de Jules Ferry, est mise à mal comme jamais depuis l’après-guerre : les enseignants sont méprisés, humiliés, les postes supprimés par milliers, et ce sont nos enfants, quoi qu’on dise, qui font les frais de cette terrible saignée.
2012, année charnière pour les citoyens, année charnière pour les services publics, pour les collectivités locales, pour la fonction publique. Il faut un sacré culot, et une vraie dose de cynisme, pour présenter ses vœux et adresser ses remerciements aux fonctionnaires et agents publics, comme vient de le faire Nicolas Sarkozy, le 1er janvier à Metz. Depuis son élection en 2007, plus de 150 000 postes dans la fonction publique ont été supprimés. Dans les écoles, les hôpitaux, les palais de justice, dans la police, le manque d’effectifs se fait ressentir, les conditions de travail se dégradent, et le dogme aveugle d’un départ à la retraite sur deux non remplacé, brise les services publics et fragilise les missions régaliennes de l’Etat.
Les fonctionnaires et les Français n’ont pas la mémoire courte. Ils se souviennent des attaques méprisantes de Xavier Darcos, pour ne citer que lui, à l’égard des instituteurs. Ils se souviennent du gel des salaires des fonctionnaires en 2012, pour la deuxième année consécutive, et plus récemment, de la suppression de la rémunération du 1er jour de leur congé maladie. Ils se souviennent que ces choix découlent d’une fiscalité UMP-Medef au service uniquement, des intérêts particuliers, des intérêts des plus riches et des grands groupes du CAC 40. Bouclier fiscal, exonérations patronales sans effet sur l’emploi, suppression de la taxe professionnelle, ils se souviennent que les privilèges fiscaux et sociaux de l’Etat sous Sarkozy, auront représenté près de 140 milliards d’euros, partis en fumée !
Ils se souviennent, pour donner une idée de la démesure de cette fiscalité inique, que le Trésor Public a remboursé à Liliane Bettencourt, 100 millions d’euros en quatre ans, au titre du bouclier fiscal. Qui paye cette facture ? Les services publics, qu’on mutile, les fonctionnaires, qu’on méprise, le peuple, auquel on inflige l’austérité pour seule ligne d’horizon. C’est dans ce contexte très difficile que la ville de Vénissieux résiste et fait front. Nous ne cédons pas sur le maintien d’un service public de qualité, et sur la valorisation du travail des agents et fonctionnaires, comme le montrent les négociations que j’ai initiées avec la DRH, les directions et les syndicats.
L’augmentation du régime indemnitaire de 35€ bruts pour tous est une première étape, d’autres chantiers au sujet du régime indemnitaire suivront, dans le cadre d’un dialogue ouvert, concerté et raisonné. Dans le cadre aussi, ne l’oublions pas, d’un budget municipal qui n’est pas illimité et que le gouvernement étrangle d’année en année ! Il s’agit à terme de réduire les écarts entre filières, de prendre en compte les contraintes et responsabilités de chaque poste.
La prise en compte du grade et de la fonction est la solution la plus juste et la plus équitable pour chacun d’entre vous. L’autre ambition, que nous partageons tous ici, c’est de prolonger l’élan actuel de Vénissieux. Notre ville a retrouvé une véritable attractivité au cœur de l’agglomération lyonnaise, tout en gardant sa singularité et son caractère. Vénissieux est en marche, fourmille de projets urbains, environnementaux, humains, et il nous faut poursuivre ce mouvement, malgré les désengagements de l’Etat, et la politique d’austérité du gouvernement.
Pour les collectivités locales, les équilibres budgétaires deviennent compliquées et les marges de manœuvre étroites. Gel des dotations et baisse des subventions de l’Etat ; un budget national qui prévoit la suppression de 200 millions d’euros pour les collectivités en 2012 ; une réforme technique, dite de péréquation, qui risque de coûter cher aux communes les plus pauvres : le gouvernement Fillon continue son travail de sape, et veut contraindre les communes, soit à augmenter toujours plus la fiscalité, soit à supprimer des services à la population, soit à diminuer les investissements.
Dans son projet 2012, l’UMP entend carrément baisser les dotations aux collectivités de 10 milliards d’euros sur 5 ans, tandis que certains députés de la majorité réclament la réduction de 10% des effectifs d’agents territoriaux, dès cette année, soit la suppression de 195 500 emplois territoriaux ! Un chantage et un jeu de massacre que nous refusons en bloc et en force, alors que dans le même temps, la réforme de la taxe professionnelle va coûter, au bas mot, près de 6,8 milliards d’euros par an, une manne financière supplémentaire qui manquera, à n’en pas douter, aux collectivités locales.
Là encore, nous maintenons malgré tout le cap, nous résistons, mais le temps nous est compté. Si les orientations nationales ne changent pas, nous risquons à très court terme d’être confrontés à des choix douloureux. 2012 n’attend que nous, citoyens, fonctionnaires, employés, ouvriers, jeunes et retraités, pour changer le cours des choses et casser ce fatalisme ambiant.
Sortons de la peur, de la résignation, de la frilosité, envisageons des possibles, construisons une autre société ensemble. En quoi devrions-nous avoir peur de l’avenir ? C’est ce message d’espoir, de pouvoir collectivement faire bouger les lignes, comme on a pu faire bouger Vénissieux, que je voulais vous adresser en ce début d’année 2012.
Une année d’accomplissement personnel et professionnel, que je vous souhaite à tous et à toutes, à vos familles et à vos proches, au service aussi, et bien sûr, du vivre-ensemble et des Vénissians.
Je vous remercie.
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