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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Vœux presse
Janvier 2012, par adminLe 13 janvier 2012
Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion des vœux à la presse, vendredi 13 janvier 2012.
L’année 2011 est une année d’accentuation de la crise à tous les niveaux. Crise sociale et crise politique majeure, dans l’ensemble des pays européens. Crise politique et crise du politique : voilà le paysage que nous offre l’Union européenne, l’Europe de la libre circulation des capitaux, et du bâillonnement des peuples. Crise du politique sans précédent, dans la mesure où la finance met littéralement à genoux les Etats, et les souverainetés nationales. Ce mouvement est gravissime, et c’est la raison pour laquelle j’appelle à un sursaut civique, à une révolution civique des citoyens grecs, français, espagnols, italiens et autres, pour remettre la main sur une Europe en pleine dérive. C’est l’Etat social, redistributif, que le capitalisme veut définitivement abattre. Cet été, des milliards d’euros ont été engloutis non pas pour sauver le peuple grec, mais pour sauver ceux qui détiennent la dette grecque, à savoir les trusts bancaires et financiers.
Rien, malgré les annonces en trompe l’œil de Nicolas Sarkozy, n’a été fait depuis la crise de 2008. Au contraire même : les Etats, et donc les finances publiques, sont venus sauver un système financier au bord du gouffre, qui, à peine trois ans après, accentue la spéculation, cette fois sur les dettes publiques. En exposant les souverainetés aux marchés, l’Europe offre un spectacle pathétique : ceux qui ont contribué à augmenter les déficits rampent, désormais, au pied des agences de notation et du triple A. N’ayons pas la mémoire courte : la dette publique représentait 64% du PIB en 2007 en France. Elle est passée sous le quinquennat de Sarkozy à plus de 85% du PIB, fruit, pas uniquement de la crise, mais d’une fiscalité de castes, tournée vers les riches, qui n’a pas profité à l’appareil productif, ni à la richesse nationale.
Moody’s toussote, et Matignon, doigts sur la couture, sort aussitôt de sa poche un nouveau plan d’austérité, que le peuple français est sommé de payer ! On marche sur la tête, ou plutôt on marche sur nos têtes, et il va falloir que ça cesse très vite. Les citoyens que nous sommes doivent reprendre les choses en main, en clouant au pilori le capitalisme financier. L’Europe ne peut pas continuer de se construire sans la consultation des peuples… et contre les peuples. C’est le cas depuis plus de dix ans : les NON français et hollandais aux référendums de 2005, puis irlandais en 2008, ont été bafoués. Le duo Sarkozy-Merkel a interdit au peuple grec, de se prononcer sur le plan d’austérité, et sur la mise sous tutelle du FMI, qui va l’asphyxier pendant des années.
Aucune consultation populaire n’est prévue à ce jour pour l’adoption du nouveau traité européen, qui menotte, à travers la règle d’or, les politiques sociales des Etats. Sortir de la crise, c’est donc sortir de cette Europe marchande, sortir de cette Europe des capitaux, et de la technocratie, c’est le besoin urgent de bâtir enfin l’Europe des peuples, l’Europe sociale et citoyenne. Sans cette volonté, c’est l’Europe du morcellement, du ressentiment et du populisme, qui sortira, et qui sort déjà, des urnes. Déni démocratique, hégémonie de l’ordre financier : tout est à repenser, à reconstruire.
J’ai commencé par l’Europe, car la politique nationale s’est alignée sur les ultimatums des marchés. Soumission, capitulation avec, à la clé, un premier plan d’austérité, puis un deuxième pour les Français, et l’ensemble des collectivités. Voilà la facture laissée aux français par le gouvernement, le 1er janvier 2012. La TVA à 5,5 passe à 7% pour les travaux à domicile, transports, services et autres. Les tarifs SNCF augmentent de 3,2%. Pour le gaz : + 4,4%. Pour les Mutuelles : une hausse des contrats de 5%, suite au doublement de la taxation sur les contrats de santé. Pour les retraites : l’accélération du report de l’âge légal à 62 ans. Pour l’assurance maladie : une baisse des indemnités journalières jusqu’à –15%, sans oublier l’instauration d’une journée de carence, pour les fonctionnaires. Je pourrais ajouter à cette liste, l’envolée des prix à la pompe, la hausse des loyers, l’augmentation de 4,4% des produits de consommation courante en 2011.
Le pouvoir d’achat des français est réduit en miettes, résultat des déréglementations impulsées par les politiques libérales de Nicolas Sarkozy. Ma préoccupation la plus vive, c’est la montée d’une pauvreté multiforme, qui touche de nombreuses catégories de Français. Il y a le chômage bien évidemment, au plus haut depuis 1999, et qui a augmenté de 5,6% en un an ! Chômage des jeunes, chômage de longue durée, chômage des femmes qui progresse plus fortement, sans oublier les taux dramatiques des 15-25 ans, atteints dans les ZUS. A Vénissieux par exemple, le nombre de chômeurs de longue durée a explosé de 52%, entre juin 2010 et juin 2011.
Sur le territoire national, le nombre de bénéficiaires du RSA est au plus haut (plus de 1,8 millions de foyers bénéficiaires en juin dernier). Pauvreté multiforme, car la relation « absence de travail-pauvreté » est dépassée depuis longtemps. Il y a ainsi près de 3 millions d’actifs pauvres ; un salarié sur quatre gagne moins de 750 euros par mois ; 20% des étudiants sont considérés comme pauvres ; un million de retraités vivent dans des conditions indignes. Vous ajoutez à cela la crise du logement, la précarité énergétique, le surendettement des ménages, les reports de soins des Français et le constat est sans appel : les digues cèdent, craquent, explosent. Au quotidien, bon nombre de concitoyens ne vivent plus mais survivent.
De force, ils renoncent à se chauffer, à s’alimenter correctement, à se soigner. Ils renoncent non pas à des désirs superflus, mais aux droits les plus universels. La question qui se pose à nous, en cette année électorale, est une question cruciale de choix de société. Il n’y aura pas de sursis pour le modèle social que nous défendons. Soit, ensemble, on le recompose et on le réinvente, soit il implose sous nos yeux, avec des conséquences dramatiques pour chacun de nous, et pour les prochaines générations.
Le combat national rejoint le combat européen : il faut mettre au pas le monde de la finance, inverser les rapports de force, rétablir les priorités des budgets régaliens (éducation, santé, social, emploi), et réaffirmer les souverainetés nationales. La spirale que le gouvernement a mise en place, c’est la spirale des derniers feux : maintenir le système tant bien que mal, pour que quelques privilégiés continuent de piller les dernières richesses, avant la banqueroute.
L’instauration d’une TVA sociale, qui va pénaliser les plus modestes, amputer le pouvoir d’achat, et fragiliser le financement de la protection sociale, est un nouveau cadeau offert au patronat, une nouvelle exonération qui n’aura aucun effet sur l’emploi, ni sur les délocalisations. Pour enfoncer le clou, et livrer l’état social aux marchés, l’adoption de la règle d’or, condamnant toute alternative en matière de politiques publiques, fait figure d’ultime gage, d’ultime capitulation préélectorale face à la finance.
Les plans d’austérité, la TVA sociale, la règle d’or : trois dispositifs qui vont transformer la fracture sociale en gouffre social, la crise économique en récession durable. Pour les citoyens, pour les entreprises, mais aussi pour les collectivités locales. Les maisons de la République que nous sommes sont plus qu’exposées. Nous tirons la sonnette d’alarme depuis des années, et les dernières décisions nous donnent raison. Il suffit de lire le projet 2012 de l’UMP, pour comprendre ce qui nous attend : faire baisser les dotations aux collectivités de 10 milliards d’euros sur 5 ans, tandis que certains députés de la majorité réclament la réduction de 10%, des effectifs d’agents territoriaux dès cette année, soit la suppression de 195 500 emplois territoriaux !
Dans cette logique de destruction, l’Etat n’est pas en reste : gel des dotations et baisse des subventions ; un budget national qui supprime 200 millions d’euros, pour les collectivités en 2012 ; la réforme technique, dite de péréquation, qui risque de coûter cher aux communes les plus pauvres, puisqu’elle ne tient pas compte des revenus moyens des habitants, du nombre de logements sociaux sur la commune, ni du montant de l’aide personnalisée au logement.
Alors que les collectivités, qui réalisent 71% des investissements publics, sont un moteur pour l’emploi et l’activité économique, le gouvernement casse nos capacités d’investissement et de fonctionnement, en nous plaçant face à des choix bientôt cornéliens. N’oublions pas que l’asphyxie est double, puisque les collectivités éprouvent de réelles difficultés à obtenir des prêts auprès des banques, qui en profitent, elles, pour augmenter leurs marges, et multiplier leurs commissions. Un comble, alors qu’elles ont plombé certaines communes avec des emprunts toxiques, et que c’est l’Etat qui les a sauvées de la banqueroute, il y a 3 ans. La boucle est bouclée : le combat local est identique au combat national et européen.
Vénissieux, dans ce contexte difficile, continue d’avancer. La crise est là, comme en témoigne l’augmentation du montant de l’aide sociale accordée par le CCAS, plus 30% entre 2008 et 2010 ! Mais il y a des signes concrets et tangibles, d’un développement ancré dans la durée. Vénissieux gagne en habitants, comme l’a indiqué le recensement INSEE, sur la base de l’année 2009, avec 59100 Vénissians. Aujourd’hui, en janvier 2012, on peut raisonnablement estimer que notre ville compte environ 61 000 habitants.
Vénissieux gagne en attractivité. Tous les programmes urbains en cours de réalisation, ou en projet, font l’objet d’un très vif intérêt de la part de promoteurs et bailleurs, toujours plus nombreux, que ce soit sur le plateau ou ailleurs. Après les opérations réussies de l’îlot du Cerisier et de l’avenue d’Oschatz, Vénissy est déjà un succès. Pour l’îlot A par exemple, sur les 16 logements en accession sociale, 50% des acquéreurs sont des Vénissians, et parmi ces 50%, 63% sont issus du plateau. 369 logements neufs livrés en 2011, 564 en 2010 : malgré un contexte économique défavorable, nous affichons des chiffres remarquables.
Ce qui nous conforte dans notre politique de logement social, mais aussi dans notre volonté d’offrir une diversité de parcours résidentiels aux habitants. Vénissieux gagne en lisibilité : le CUCS 2011-2014 a été prolongé et acté ; notre commune fait partie désormais de l’Agence de l’urbanisme ; le Grand Rendez-Vous a suscité l’intérêt de tous nos partenaires, institutionnels ou économiques, et a mis en route, avec ses habitants, de nouvelles perspectives ambitieuses, à l’image de l’Agenda 21.
Notre ville gagne en homogénéité : développement du cœur de ville, maillage plus dense entre les quartiers (Minguettes, Barel, Charréard, centre ville), un axe Bonnevay, dont la nature ne sera pas exclusivement commerciale, mais bien un quartier à part entière, inséré dans son environnement, de la ZAC Parilly à l’entrée de Saint-Fons. La rénovation urbaine ne crée pas une ville, elle fait naître des espaces où tout doit converger vers l’humain justement. Cela signifie des services publics, des emplois de proximité, des crèches, des commerces, et tous ces espaces verts qui font de Vénissieux une ville urbaine, mais qui respire …
Enfin, Vénissieux gagne en singularité, dans la mesure où nos combats pour l’industrie, pour Véninov, pour l’école publique et laïque, pour le renforcement de la citoyenneté, pour l’égalité d’accès à la santé, à la culture, aux loisirs, au droit à la tranquillité, sont des combats que nous menons de front, bien souvent en éclaireurs.
Un mot pour conclure au sujet de la presse écrite et des médias en général. France-Soir a disparu, du moins dans sa version papier, La Tribune est au bord du gouffre, les plans sociaux se succèdent, année après année. Les circuits d’informations sont verrouillés par les grands groupes de communication, les journalistes sont de plus en plus exposés (66 d’entre eux ont perdu la vie en 2011, plusieurs femmes journalistes ont été agressées sexuellement Place Tahrir). Un journal qui meurt, un reporter qu’on menace, ou qu’on prend en otage, c’est un espace de démocratie qui disparaît ou qu’on censure. La mort tragique en Syrie de Gilles Jacquier est venue nous le rappeler brutalement, et nous adressons tous ici nos condoléances à sa famille, ses proches, et à la rédaction de France 2 sous le choc.
Veillons donc à défendre cette liberté de la presse, veillons ensemble à ce que le temps politique, en cette année électorale, ne soit pas remplacé par le temps du buzz et de l’info-spectacle…
Je vous souhaite à tous une bonne année 2012, année au calendrier chargé, mais passionnante à plus d’un titre.
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