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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
La République des peuples
Février 2012, par adminLe 27 février 2012
Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de la présentation de la restauration de la sculpture de « La République des peuples », mercredi 22 février dernier.
L’art dans la ville, c’est celui qui appartient à chaque Vénissian, à chaque regard que l’on porte, inopiné, quotidien, étonné, c’est celui qui appartient à toutes les générations. L’art dans la ville, c’est celui qui s’intègre à l’espace urbain, mais c’est celui aussi qui le structure. Enlevez une sculpture, effacez une fresque ou une peinture d’un parc ou d’une place de Vénissieux, et vous verrez que vous perdrez bien plus qu’une œuvre, vous perdrez de l’art sans ostentation, celui de l’expression d’une mémoire collective, et d’une mémoire partagée des lieux.
Inaugurée par Marcel Houël, député maire de Vénissieux de l’époque, « La République des Peuples », qui trône ici depuis plus de 40 ans, est l’œuvre de Georges Salendre. La pierre rend les hommes plus vivants dit-on, mais ce sont aux hommes quatre décennies plus tard, de rendre vie aux pierres dans une belle réciprocité. Restaurée, éclairée, toujours aussi fière et altière, la Marianne de Georges Salendre méritait bien une cure de jouvence. C’est chose faite. Pour ce qu’elle représente, pour l’idéal qu’elle incarne, pour ce qu’elle exprime du parcours et du caractère de son auteur.
Georges Salendre a signé plusieurs œuvres dans notre commune, marquant de son empreinte et de sa pierre, la place Ennemond-Romand ou le lycée professionnel Hélène-Boucher. Il avait pour coutume de dire, je le cite : « je désire simplement exprimer en sculpteur les impressions ressenties dans la vie ». Soldat en 1914, brûlé par les gaz, organisateur et chef responsable de la Résistance au sein de « France d’abord », et « Franc-tireur » entre 40 et 44, on comprend mieux la force et la véhémence de sa Marianne, symbole d’une République qui ne cède pas, d’une République qui continue de regarder devant elle.
Nous sommes ici au pied d’une œuvre qui continue de nous parler, quarante ans après, nous sommes aussi au pied d’une ambition politique, qui ne s’est jamais démentie. C’est en 1972 sous l’impulsion de Madeleine Lambert, alors conseillère artistique, que les élus de la ville de Vénissieux ont décidé de doter notre commune, d’un patrimoine artistique urbain.
C’est le fruit de 40 années de commandes publiques, en lien direct avec un artiste, ou par le biais du 1% artistique. La volonté de mettre à disposition 1% du budget de la construction d’un bâtiment à la production d’une œuvre, a porté ses fruits. Aujourd’hui, 45 œuvres composent ce patrimoine, signées par des dizaines d’artistes de renom différents. Ce patrimoine nous est cher, car il est la propriété de tous les Vénissians, et non pas d’un particulier. Il nous interroge, il nous surprend, il nous invite à regarder notre ville autrement, sous un autre angle, avec ce pas de recul nécessaire, sur notre quotidien et nos préoccupations.
Lieu de sédimentation et lieu d’émancipation, l’expression artistique, avec nos Ateliers Henri Matisse, l’Espace Arts Plastiques, occupe une place entière à Vénissieux. Démocratiser la culture, la faire partager par le plus grand nombre, la rendre accessible à tous et à toutes, c’est le combat que mène notre ville depuis des décennies. Et ce combat n’est pas fini. Pour le capitalisme financier, tout ce qui relève des sciences humaines reste superficiel. En Europe, le rabot de la rigueur, sur les budgets Culture des Etats de l’Union, est déjà à l’œuvre : entre 2010 et 2011, on note -22% pour la Grèce, -16,7% en Italie, -7,4% au Royaume-Uni, -7% en Espagne et aux Pays Bas.
Des festivals essorés, des saisons raccourcies, une création indépendante sous perfusion. En France aussi, les coupes sont drastiques : pour le Patrimoine (-7 millions d’euros), pour la création (-650 000 euros), pour la transmission des savoirs (-350 000 euros). Au pied de cette République des Peuples, rappelons-nous que l’éducation, la création et l’art, ne sont pas, et ne seront jamais des valeurs marchandes !
Cette question-là est aussi au cœur de la société que l’on veut construire, et que l’on veut transmettre.
Je vous remercie.
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