Sites Web : Médaille de Ville à Marguerite BARANKITSE - Blog de Michèle Picard

Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Médaille de Ville à Marguerite BARANKITSE

Mars 2012, par admin

Le vendredi 9 mars 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard, lors de la réception en l’honneur de Marguerite BARANKITSE, marraine d’honneur de la promotion Bioforce 2009, le jeudi 8 mars 2012 .

@ R. BERT Expressions

C’est un honneur de recevoir en cette journée internationale des femmes, Marguerite Barankitse, femme d’exception, femme de paix et d’humanité. Entre Vénissieux, Bioforce et vous « Maggy », comme l’on vous surnomme, notre histoire commune se poursuit puisque vous avez été la marraine de la promotion 2009 des étudiants de Bioforce. Une promotion qui comprenait, si je me souviens bien, l’un de ces enfants du Burundi, cette jeunesse à laquelle vous avez donné la chance de vivre et d’accéder aux connaissances.

Je remercie également le président de Bioforce, Jean-François De Lavison, Claude Lardy, présidente d’honneur et Benoît Silve, directeur général, pour leur présence et je leur réitère l’immense fierté de notre ville de compter sur notre territoire un institut comme le vôtre. On y enseigne la solidarité, on y enseigne l’humanitaire et l’humanisme, autant dire que ces valeurs-là ont une résonance forte à Vénissieux, ville qui se bat pour le vivre-ensemble, l’équité sociale et territoriale. Une volonté qui se traduit aussi bien entre les murs de notre cité, avec l’appui de Bioforce pour certaines opérations de solidarité et de citoyenneté, qu’à l’étranger, car une commune fait partie du monde qui l’entoure.

Dans la limite de nos possibilités budgétaires, nous avons souhaité, depuis des années, venir en aide aux populations meurtries par des catastrophes naturelles, comme à Haïti, en Ethiopie, en Algérie, ou pour renforcer les coopérations internationales comme au Sénégal où nous avons participé à la réhabilitation de la maison de Léopold Sédar Senghor. Nous avons lancé dernièrement un chantier jeune au Burkina Faso dans le cadre d’un aménagement d’un terrain de pratiques sportives dans un orphelinat.

A l’heure de la tyrannie de l’argent fou et d’une forme de décote humaine, (l’un ne va pas sans l’autre), je crois nécessaire de rappeler que la solidarité n’a pas de frontière, qu’elle est en nous comme elle est au cœur de toute civilisation digne de ce nom. Je ferme cette parenthèse vénissiane, car ce n’est pas à notre ville d’être mise à l’honneur, mais bien à vous, Marguerite Barankitse.

@ R. BERT Expressions

Vous et votre force, votre courage, vous et votre foi en l’homme, en qui il faut croire, malgré les massacres ignobles auxquels vous avez assisté. Vous avez vu quand l’homme devient fou, quand la rage s’en empare pour le conduire au bain de sang, au génocide, au massacre indélébile et tragique des femmes, des enfants et de l’autre, parce qu’il appartient à l’ethnie d’en face. C’était en 1993, lorsque l’assassinat du premier président hutu élu démocratiquement du Burundi allait ouvrir une guerre civile épouvantable entre tutsis et hutus.

Plus de 10 ans de guerre civile, un cessez-le-feu qui n’interviendra qu’en 2005 et au bout de ce que l’on peut appeler un crime contre l’humanité, un bilan effroyable : près de 250 000 morts ! Témoin d’un massacre de 72 personnes, c’est un réflexe de vie et de femme qui vous guide : sauver de cette barbarie 25 enfants. Un acte de bravoure comme antidote à une violence aveugle, dont, je suppose, vous gardez toujours au fond de vous les images et le traumatisme.

Ce point d’origine est aussi le point de départ d’un espoir : celui de parvenir par l’éducation, par l’accès aux connaissances et aux soins, par l’enfance, à apprendre à revivre ensemble, à réconcilier hutus et tutsis, à recréer les liens multi-ethniques. C’est le pari de croire à nouveau en l’homme et en l’humanité, de croire à nouveau au socle de l’apprentissage et de l’éducation pour se prémunir de tout nouveau bain de sang, qui vous fera avancer et qui fera avancer également votre pays, le Burundi, vers la pacification.

De ces 25 enfants enlevés à une mort promise, vous allez construire « une éducation à la paix ». Dès 1994, vous créez la Maison Shalom à Ruyigi, destinée à accueillir et à aider les orphelins de la guerre et du sida, de quelques ethnies qu’ils soient.

Depuis la fin de la guerre, la maison Shalom, rebaptisée Cité des Anges, s’est développée avec un centre de protection maternelle et infantile, un hôpital et une école d’infirmiers. Trois autres centres de ce genre ont, depuis, vu le jour au Burundi. Et deux autres surnoms se sont ajoutés à votre nom : « Mère Térésa africaine » pour la dévotion, « femme aux 10 000 enfants » pour l’éducation.

La Cité des Anges est devenue une enclave culturelle, composée d’une bibliothèque, d’ateliers artisanaux, d’initiation et de formation aux technologies multimédia. S’ouvrir au monde et à la différence dès l’enfance pour repousser la haine, la violence et la barbarie hors de son présent, hors de ses terres.

Près de 20 000 enfants ont ainsi bénéficié de l’aide de l’ONG de Marguerite Barankitse, pour consolider la paix, même si la situation au Burundi reste toujours fragile et complexe. Vous avez reçu de nombreux prix tout au long de votre parcours, du haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, et plus récemment de la Fondation Chirac, que Kofi Annan vous a remis en mains propres.

C’est au cœur de cette reconnaissance internationale que la Ville de Vénissieux vient s’inscrire, en vous attribuant la médaille de la Ville, une médaille plus modeste que les prix de référence auxquels vous avez eu droit, mais une médaille qui compte pour nous car vous êtes Marguerite Barankitse une femme d’exception, une femme qui a su dire non à l’exclusion et à la haine.

Pour tout ce que vous avez accompli, je vous remercie très sincèrement et très chaleureusement.

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