Sites Web : Festival « Hors Cadre ». - Blog de Michèle Picard

Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Festival « Hors Cadre ».

Avril 2012, par admin

Le 3 avril 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion du lancement du festival « Hors Cadre ».

Filmer avec des mots, écrire avec des images, ou l’inverse, bien sûr que des passerelles se tendent entre le cinéma et la littérature, passerelle du hors-champ, de l’imaginaire, qui passe de l’auteur au lecteur, de l’auteur au spectateur. Qu’attend-on d’un livre ou d’un film ? Qu’il nous projette hors du quotidien, qu’il nous évade, qu’il nous interroge, qu’il suscite en nous du désir (et ou) du désordre !

On attend de lui qu’il échappe à toute forme de représentation préconçue. Le festival Hors cadre, dont c’est la troisième édition cette année, porte bien son nom : il est extérieur à ce que nous croyons voir, extérieur à ce que nous croyons comprendre. Le principe de cette rencontre, entre Cinéma et Littérature, dépasse le simple copier-coller de l’adaptation d’une œuvre écrite sur grand écran.

Hors cadre cherche des connexions, ouvre des débats entre deux mondes si loin si proche, comme nous l’a démontré en 2011, l’échange entre l’écrivain Brigitte Giraud et Régis Sauder, réalisateur du documentaire « Nous, Princesse de Clèves ». Avec pour thème central cette année, « L’artiste face au monde », nul doute que les fictions et débats qui suivront, seront tout aussi passionnants et fructueux, que lors des deux éditions précédentes.

Il y a déjà ce long métrage fort, « Ingrid Jonker », portrait puissant et tragique d’une jeune femme poète, en lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. C’est Lydie Salvayre, auteur d’un hommage à Jimi Hendrix, dans son dernier livre « Hymne », qui apportera son éclairage et sa sensibilité sur ce film discret, belle illustration du thème central de cette nouvelle édition : une œuvre, un personnage, en prise directe avec le monde qui l’entoure, avec la politique, dans le sens de la vie ou non-vie des affaires de la cité.

Je ne vais pas détailler toute la programmation 2012, mais il m’est difficile de passer sous silence l’avant première de Twixt, nouvel opus d’un réalisateur qui connaît une seconde jeunesse : Francis Ford Coppola.

Pour notre génération, Apocalypse Now, la trilogie du Parrain, sont des chocs émotionnels et artistiques incomparables, Coppola donnant là encore une vision du monde de l’époque sidérante. Je n’oublierai pas de mentionner Les Nouveaux chiens de garde, de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, où comment les connivences entre journalistes, grands groupes de communication et hommes politiques, pervertissent la pratique et les idéaux démocratiques.

Enfin, je tiens à remercier également les poètes, écrivains et explorateurs, qui nous ont accordé leurs participations, comme Joël Bastard, en résidence littéraire à Vénissieux, Pascal Chasson de l’Acrimed (action-critique-médias), site de décryptage passionnant de l’information, ou encore Patrick Meng et son expérience inédite dans le Jura. Mise en fiction, mise en frictions, le public que nous formons ne demande que ça, et cette 3e édition devrait y répondre, avec des auteurs et de la hauteur !

Je profite de cette inauguration pour mettre en exergue les synergies qui se sont créées dans notre ville, entre les différents espaces culturels. Entre l’espace Pandora et la municipalité, avec tous nos équipements, que ce soit le cinéma Gérard Philipe, le théâtre, la médiathèque, des liens forts se sont noués, et tout le monde œuvre au renforcement de la culture populaire.

Pour les Vénissians, pour les lycéens, collégiens ou écoliers, cette volonté collective et partagée, d’initiation et de pédagogie culturelle, profite à toutes les classes d’âge. Elle renforce notre volonté d’arrimer la culture et l’accès aux connaissances, aux loisirs, au cœur même des villes populaires, sans les frontières territoriales de la ségrégation. Par sa fréquentation record et par ses équipements de pointe, mais pas seulement, le Cinéma Gérard Philipe prouve qu’il ne faut pas céder sur ce terrain-là.

En 2011, le cinéma a dépassé largement son objectif de 90 000 entrées, pour flirter avec la barre symbolique des 100 000 entrées. C’est remarquable. Il le prouve, en étant devenu un lieu que les Vénissians se sont approprié, mais il le prouve aussi par l’exigence de sa programmation, où les films populaires côtoient les films plus intimes. Trois salles de cinéma, toutes équipées dorénavant en numérique, trois salles de cinéma donc, où tous les cinémas ont droit de cité, où tous les cinémas ont le temps de trouver leur public, c’est une chance et c’est une fierté de la ville de Vénissieux.

Nous allons être des spectateurs pendant les cinq jours du festival, mais rien ne nous empêche d’être à la fois spectateur, et acteur du monde qui nous entoure. La diversité des œuvres et le monde de la création ont autant besoin de nous que nous avons besoin d’eux.

Les plans d’austérité actent, dans la plupart des pays européens, des coupes sombres dans les budgets de la culture des Etats membres, pour le milieu associatif et créatif, pour le financement des festivals. Une démission doublée d’un mensonge, celui de faire croire que les collectivités territoriales pourront prendre en charge les désengagements répétés de l’Etat. Les spectateurs que nous sommes aiment la diversité des œuvres et créations proposées. Pour la préserver, les citoyens que nous sommes doivent défendre une culture forte, audacieuse, populaire, loin, très loin du secteur marchand.

Je vous remercie et vous souhaite un bon festival.

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