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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Conférence régionale CGT des Cheminots de Lyon
Avril 2012, par adminLe 5 avril 2012
Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors de la conférence régionale du secteur fédéral CGT des Cheminots de Lyon, vendredi 30 mars 2012.
Spéculation, c’est le maître mot. C’est le maître mot et c’est le credo d’un capitalisme financier, qui attaque et qui ronge, l’un après l’autre, tous les pans, tous les acquis sociaux de notre société solidaire et redistributive.
Le dernier angle d’attaque, le sommet en quelque sorte, c’est dorénavant de mettre à genoux la souveraineté des Etats, de contrôler et de leur interdire toutes politiques sociales. Regardons ce qui se passe en Grèce, où le FMI, la BCE et le tandem franco-allemand viennent sauver, non pas le peuple grec, mais les banques créancières et le système financier.
Lisons ce que promet le prochain traité européen, que l’on veut imposer une nouvelle fois, sans consultation populaire, énième étape d’une Europe qui se construit contre, ou sur le dos des peuples européens. Il promet la règle d’or, ce qui signifie, entre les lignes, l’abandon, au nom des déficits publics, de toutes orientations sociales, de toutes ambitions politiques en matière de renforcement de la santé publique, de l’éducation, des services publics, de la recherche et de la justice. Il nous promet le pire, il nous promet la loi du plus fort, qui, lui, pourra se loger, se soigner, envoyer ses enfants dans les grandes écoles, et s’acheter une retraite. Il nous promet le pire, et nous n’en voulons pas.
J’aimerais ouvrir une parenthèse sur cette notion de dette publique, par le biais de laquelle la finance entend museler la parole ouvrière, citoyenne et populaire. Qui l’a créée, et à quelles fins ?
Voilà les deux vraies questions qu’il faut se poser ! Depuis le début des années 90, la part des dépenses publiques dans le PIB en France est restée relativement stable, aux alentours de 50% à 55%. En Suède par exemple, elle est de 55,5%, et personne ne crie au scandale sur le modèle de société scandinave. Or, les déficits publics se sont creusés, nul ne le conteste.
Mais pourquoi donc personne, et surtout pas les chantres du capitalisme financier, ne veut regarder du côté des recettes publiques. Elles se sont effondrées depuis 20 ans sous le dogme du libéralisme, du « moins d’impôts », du « moins d’Etat », du toujours plus d’exonérations et d’individualisme.
De l’Union Européenne au gouvernement Fillon, de Barroso à Sarkozy, tout le monde incrimine les dépenses publiques, les retraites par répartition, la sécurité sociale, alibi de circonstances pour tout démolir, mais aucun ne met en avant l’une des raisons principales du déficit : le détournement des recettes fiscales de la nation, au profit d’une fiscalité de castes et de nantis.
Je vais vous citer un extrait du rapporteur général de la commission des finances, de Monsieur Gilles Carrez, député UMP, au sujet de la loi de finances 2010. J’ouvre les guillemets : « Les ressources de l’État doivent être protégées et l’hémorragie qui a conduit, depuis 2000, à la perte de plus de 100 milliards d’euros de recettes fiscales sur le budget de l’État doit être stoppée. L’État ne dispose pas de capacités financières illimitées.
Il doit lever des ressources pour assurer le financement des services publics : c’est le premier rôle de l’impôt, avant d’être un instrument de mise en œuvre des politiques publiques. »
Voilà où est le déficit public, voilà où est la double peine que l’on inflige aux salariés, aux plus modestes, aux ouvriers et aux peuples européens. Le libéralisme a littéralement braqué les budgets de la nation, et fait désormais payer au peuple, à travers les plans d’austérité, cette gabegie insensée. Les exemples en France, je vais vous les donner. Le bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy pour les plus riches, c’est 650 millions d’euros par an partis en fumée.
650 millions d’euros qui manquent à nos écoles, à nos hôpitaux publics, à notre justice, à notre recherche publique, à nos organismes sociaux. La réforme de l’impôt sur la fortune de Nicolas Sarkozy, que plus de la moitié des redevables ne paiera plus, c’est une perte de recettes de 350 à 400 millions.
Je peux continuer ainsi longtemps. La suppression de la taxe professionnelle, c’est 7 milliards d’euros en 2010, puis à nouveau 7,5 milliards en 2011 en moins, pour les collectivités et les budgets de la nation. Et je passe sous silence, faute de temps, les exonérations patronales et autres cadeaux au Medef, sans effet aucun sur l’emploi.
Ce que l’on appelait il y a quelques années un gaspillage est devenu un racket, une spoliation sans précédent des richesses nationales, il n’y a pas d’autre mot ! Tva sociale, hausse de la taxation des mutuelles, report de l’âge légal du départ à la retraite, suppression de postes par dizaines de milliers dans nos services publics, c’est le peuple, nos emplois et l’intérêt général, qui payent pour ces brigands de la haute finance.
Nous ne pouvons pas laisser faire ça, et des urnes 2012 doivent sortir un réveil citoyen et une révolution civique. Nous ne pouvons pas laisser faire ça car nos aînés nous regardent, car tous les grands acquis sociaux (36 et le front populaire, le CNR et mai 68) nous regardent, car les jeunes générations nous regardent… et nous attendent !
Nous le savons tous ici : il n’y aura pas de sursis pour le modèle social que nous défendons ensemble, pour plus d’égalité, plus de solidarité, plus de justice, plus d’humanité.
En remettant la main sur la politique, en remettant la main sur ce qui nous appartient (les finances, les services et l’espace publics), alors nous ferons reculer les forces de l’argent, alors nous sortirons de la résignation et du dépit, alors il y aura, enfin, des lendemains.
Je vous remercie.
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