Sites Web : Journée de la Paix - Blog de Michèle Picard

Publié le lundi 23 mars 2009

⇒ http://www.michele-picard.com

Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Journée de la Paix

Septembre 2012, par admin

21 septembre 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard prononcée à l’occasion de la journée internationale de la Paix.

La paix est le don le plus précieux des hommes envers les hommes. Précieux car fragile, précieux car bien trop souvent éphémère. Cette journée internationale de la paix est l’occasion pour moi, de remercier tous ceux qui œuvrent, par des initiatives, par des actions et des engagements sincères, au renforcement de la cohésion sociale. On a tendance à l’oublier, mais la paix commence en bas de chez nous, dans nos quartiers, et c’est la raison pour laquelle je tiens à associer à cette journée, l’ensemble du milieu associatif vénissian, et plus particulièrement le comité de Vénissieux du Mouvement de la Paix, et sa présidente Arlette Cavillon.

Elle commence sur le banc de nos écoles publiques, dans les liens intergénérationnels au sein des familles, elle commence dans les manuels scolaires, elle commence dès le plus jeune âge. Lors des commémorations des rafles de l’été 42, il n’aura échappé à personne que 67 % des 15/17 ans, déclaraient ne pas avoir entendu parler de la rafle du Vel d’Hiv, et plus de 4 français sur 10 méconnaissaient cette page tragique de notre histoire. Ces chiffres font peur, car c’est sur le terreau de l’ignorance que grandissent les peurs irrationnelles, le rejet de l’autre et, au final, l’intolérance.

Si dans la mémoire collective, la connaissance des rafles du Vel d’hiv s’estompe, alors vous bâtissez une société de l’oubli, capable de reproduire les mêmes erreurs. A l’heure où les liens sociaux sont si distendus, la transmission du passé, des valeurs démocratiques et pacifiques, est devenue un enjeu de société.

Œuvrer pour la paix, c’est déjà être en paix avec soi-même, c’est être en prise avec l’histoire de son propre pays, savoir d’où l’on vient pour mieux lire, mieux comprendre le présent. Je suis très attachée à cette notion de racine, au rapprochement des générations, que ce soit sur son lieu de travail ou dans son proche environnement. C’est cet apprentissage de nos règles communes, cet engagement pour l’intérêt général, et le respect de l’autre, que j’ai souhaité renforcer, à travers la mise en place du conseil municipal enfants.

La paix, la démocratie, l’engagement pour porter des projets concrets au service de tous, cela s’apprend, cela se donne, cela se transmet. Je tiens également à ce que les enfants du conseil municipal assistent aux commémorations organisées par la ville, pour qu’ils appartiennent à l’histoire de leur commune, pour qu’ils se sentent vénissians à part entière. L’émancipation des jeunes, leur libre accès à la culture, aux disciplines artistiques, aux savoirs, c’est ainsi, au cœur des quartiers populaires, que nous poserons des jalons pour la paix.

La Ville de Vénissieux y œuvre sans relâche, à travers cette éducation populaire qui nous est si chère. Des temps périscolaires jusqu’à l’APASEV, de nos équipements culturels à nos campagnes de sensibilisation, notre objectif est d’offrir des possibles aux enfants, d’ouvrir les esprits à d’autres cultures, à d’autres champs de connaissances, à une approche plus ouverte sur le monde qui nous entoure. C’est le début du chemin, qui passe par la tolérance, et qui finit vers la paix.

Si l’on veut repousser la haine, les injustices et les violences, la transmission est capitale, la vigilance aussi. La paix se construit tous les jours, mais elle reste fragile, tout comme la liberté d’expression ou le pacte républicain. Le Vieux continent s’est déchiré deux fois, dans un déchaînement de barbarie sans nom.

Malgré ces deux expériences terribles, malgré les leçons que l’on croit acquises, le conflit en Yougoslavie dans les années 90, a montré que l’homme pouvait basculer à nouveau dans l’horreur, et qu’à nouveau le sang pouvait couler sur le Vieux Continent. Au Rwanda, un véritable génocide a eu lieu entre Hutus et Tutsis, faisant plus d’un million de morts en trois mois, entre avril et juillet 94. Cette guerre clanique a tout emporté sur son passage, la vie des enfants comme les leçons de l’histoire. Dans les opinions occidentales, le continent africain apparaît comme une terre lointaine, un continent oublié (pour preuve la situation actuelle au Soudan), où les conflits peuvent bien continuer puisqu’ils n’émeuvent plus personne. Mais cette indifférence, notre indifférence, n’ouvre-t-elle pas une porte aux pires atrocités ?

Oui, la paix reste un bien fragile, et notre vigilance doit être à la hauteur des épreuves et souffrances que nos aînés ont endurées, pour la reconquérir. La montée des fanatismes religieux, l’expansion de l’extrême droite, partout en Europe, la banalisation de propos xénophobes, certains même prononcés par des personnalités du précédent gouvernement, les replis identitaires, tous ces signaux alarmants ne doivent pas être pris à la légère.

Au cœur des années 30, beaucoup ont cru que l’avènement du 3e Reich et d’Adolf Hitler, était une péripétie du 20e siècle, que tout cela n’était pas très sérieux. Ce fut une erreur tragique, qui allait se payer par des millions de morts. Nous sommes face à ce même péril : ne pas laisser passer les révisionnismes en tout genrene pas laisser passer les discours de haine tenus par le Front National , que ce soit à Lyon ou ici même, à Vénissieux, par son représentant Yvan Benedetti, ne pas laisser passer la banalisation des violences, des actes antisémites et xénophobes.

Défendre la paix, c’est aussi défendre la laïcité, bouclier contre les intolérances, bouclier pour le respect de l’autre quelle que soit sa confession, qu’il soit croyant ou qu’il ne le soit pas.

Un bien fragile ici, dans notre pays, un bien que ne partagent pas de nombreuses populations. Pendant que je vous parle, un Etat tue et massacre son peuple.

Les journalistes qui reviennent de Syrie parlent tous du même effroi, de leur difficulté à mettre des mots sur ce qu’ils ont vu à Alep, à Holms et ailleurs. Un peuple verse son sang (les estimations parlent de 29 000 morts, en majorité des civils), et la communauté internationale reste paralysée. Car les intérêts particuliers des uns et des autres, dans ce que la géopolitique peut nous offrir de pire, passent avant la cause première qui devrait être la nôtre : tout mettre en place pour arrêter ce bain de sang, qui s’apparente à un génocide.

Au Proche-Orient, les tensions resteront vives tant que l’Etat Palestinien ne sera pas reconnu dans ses frontières, tant que le peuple palestinien vivra dans une prison à ciel ouvert.

Rien n’est inéluctable, et malgré plus d’un demi-siècle d’échecs et de violences quasi quotidiennes, les nations unies doivent œuvrer pour que les résolutions votées et le droit international, soient enfin respectés par l’Etat d’Israël. Il n’y pas d’autre issues possibles pour sortir cette région de l’impasse.

Nous vivons en paix dans un monde sous tension. Le capitalisme financier, le pillage des matières premières, la spéculation honteuse sur les denrées alimentaires en Afrique, les déséquilibres démographiques, le réchauffement climatique, la course au nucléaire, sur l’ensemble des continents, ces lignes de fracture créent des conflits potentiels, divisent les hommes et les peuples. Elles soufflent sur les braises de la haine.

Il nous faut aussi bien repenser les modèles économiques, un quart de riches pour trois quarts de la population mondiale pauvre, c’est insupportable, que les relations Nord-Sud, en développant des coopérations nouvelles et plus solidaires. Les guerres profitent toujours à quelques-uns, c’est pourquoi la paix est toujours à conquérir.

L’exposition « Hiroshima », organisée par le Mouvement de la Paix de Vénissieux, montre à quel point les nationalismes mènent à une destruction totale, ignoble et innommable.

L’homme est capable du pire, et c’est à nous, à travers l’éducation, la sensibilisation et notre vigilance citoyenne, de lui rappeler qu’il est aussi capable du meilleur.

Je vous remercie.

→ Lire la suite sur le site d’origine…


Revenir en haut