Lundi 31 janvier 2012

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la cérémonie de mise à l’honneur des médaillés du travail, le vendredi 21 décembre 2012 à 16 heure.

J’ai l’habitude de dire que la couleur de la médaille est une chose, mais que ce qui compte le plus sur le fond, c’est votre fidélité, votre dévouement et vos compétences, mis au service de tous les Vénissians. Permettez-moi de faire aujourd’hui une entorse à la règle, à travers la remise d’une médaille grand or, décernée au Directeur de la Régie de Restauration, Monsieur Richard Mouton.

40 ans de service, ça n’est pas rien, et je crois que cela récompense aussi le formidable travail effectué par l’ensemble du personnel à la Régie, un travail apprécié et reconnu par l’ensemble des familles vénissianes.

Cet exemple montre à quel point il y a un attachement fort et fidèle des fonctionnaires, et de tous les services de notre ville, auprès de la population. La Régie sert des repas équilibrés pour les enfants et les personnes âgées, certes, mais ce qu’elle sert avant tout, à l’image de tous vos métiers, c’est l’intérêt général !

Cadre de vie, Sports, Jeunesse et Famille, Enfance, Éducation Santé, Solidarité Action sociale, Patrimoine, Affaires culturelles, École et bâtiments, Ressources informatiques, financières, en communication, Protocole, Cabinet : se dévouer pour de telles causes et dans tant de domaines différents, se dévouer pour une ville et ses habitants, et bien je vous le dis avec ma franchise : vous pouvez en être fiers, fiers d’être fonctionnaires, et fiers d’avoir contribué et de contribuer encore, au formidable essor que connaît notre ville.

Si nous sommes sortis de l’ornière, si nos quartiers s’embellissent et se transforment, si de nouveaux habitants viennent s’installer et d’anciens reviennent vivre à Vénissieux, c’est aussi grâce à vous. La crise de l’immobilier n’est pas la seule raison de l’attraction retrouvée de notre ville.

Les nouvelles familles savent qu’elles trouveront ici ce qui va les aider à s’intégrer et à vivre : des crèches, des écoles bien équipées, des tarifs sociaux pour accéder à la culture ou au sport, des équipements publics diversifiés et modernisés, des hommes et des femmes, à l’écoute de leur attente et de leurs besoins.

20 agents reçoivent aujourd’hui la médaille d’or (soit 35 ans de service), 20 autres agents reçoivent la médaille de vermeil (30 ans de service), 19 enfin la médaille d’argent (20 ans de service). Et bien, je vous dis bravo, et bien je vous dis quelle belle réponse aux discours de dénigrement stupides et injurieux de la droite et du libéralisme, entendus depuis plus de dix ans.

Et bien je vous dis ce que je ressens : restez convaincus d’une chose, sans vous, sans les services publics de proximité, sans votre passion et votre fidélité, où en serait le vivre ensemble dans nos villes, et où en serait le lien social dans nos quartiers ? Pour nos habitants, la crise serait encore plus terrible, le sentiment de solitude encore plus exacerbé, les injustices encore plus criantes, la qualité de vie amoindrie. Cela n’est pas rien de défendre au quotidien, et dans un contexte national qui crée des frustrations et des tensions, le développement d’une ville et d’une population, cela s’appelle une vocation et c’est la vôtre, ici, pour, et par Vénissieux.

Nous le savons tous, la fonction publique et les services publics ont été méprisés et maltraités par les politiques nationales et libérales menées depuis dix ans.

Le tout marchand, le tout rentable, le tout au privé, cette logique, ou plutôt celle de la droite libérale, a affaibli l’école, les hôpitaux publics, la justice, la recherche, mais aussi et bien sûr les services territoriaux et services publics de proximité. Au bout du compte, tout le monde y perd, et en premier lieu nos habitants et les familles les plus modestes. Rendez-vous compte, la santé pour tous et l’accès aux soins, droits fondamentaux s’il en est, sont devenus pour bon nombre de Français, un luxe inaccessible ! Depuis l’élection de François Hollande, la fonction publique est dans l’attente, mais il faut bien admettre que les premières dispositions sont plus qu’inquiétantes !

En termes d’effectifs, seuls l’éducation, la justice et la sécurité bénéficient de moyens humains supplémentaires, mais dans les autres secteurs, l’hémorragie se poursuit, comme si on continuait la RGPP mais sans la nommer. Autre déception, le gel des salaires de la fonction publique, confirmé pour la 3^e année de suite, la dernière augmentation du point d’indice, de 0,5%, remonte maintenant à 2010 ! Alors que les dépenses courantes ne cessent de flamber, le pouvoir d’achat de la majorité des français continue, lui, de s’éroder, voire de chuter brutalement.

Dans ce contexte d’austérité généralisée, la Ville de Vénissieux a choisi au contraire d’aider ses employés, en revalorisant le régime indemnitaire, et en inscrivant, dès le 1^er janvier 2013, une hausse de la part employeur à la protection sociale complémentaire de ses agents. Deux efforts importants, que toutes les municipalités, loin s’en faut, n’ont pas accordés, deux déterminations fortes pour améliorer le quotidien et l’accès aux soins de chacun d’entre vous.

Enfin, au chapitre des préoccupations, il y a la réforme des collectivités territoriales et le programme de Modernisation de l’action publique.

Sur le premier point, ce que nous voulons, c’est une équité de développement, une redistribution juste des richesses sur l’ensemble des quartiers, des cantons, des zones périurbaines, du milieu rural et des agglomérations. Cette équité, elle ne pourra exister que si la présence des services publics est effective partout, que si le rôle et l’autonomie des communes sont renforcés.

Quant à la Modernisation de l’action publique, qui doit permettre à l’État de récupérer 60 milliards d’euros durant le quinquennat, on sait déjà que les populations, les services publics de proximité et les collectivités, risquent d’en être les grands perdants. Le gel des dotations pour les collectivités a été annoncé en juillet par le Ministre du Budget, Jérôme Cahuzac.

Puis, la ministre de la décentralisation, Maryse Lebranchu, a fait part d’une baisse de 2,25 milliards d’euros des dotations aux collectivités, pour la période 2013-2015. Alors que nos habitants sont frappés très durement par la crise, que jamais leurs besoins n’ont été aussi nombreux, on appelle les communes à réduire leurs services auprès de la population et leur capacité d’investissement, un des moteurs de l’emploi local.

Tant que nous nous soumettrons à la logique libérale, tant que nous mettrons en concurrence les territoires et les populations, nous mettrons gravement en péril notre modèle social, celui que vous avez bâti tout au long de votre carrière, et celui que nous voulons voir vivre : un développement juste, solidaire et humain de nos villes, de nos départements, de notre pays.

Vous le savez mieux que quiconque, après 20, 30, 35 ans voire 40 ans de service, nul n’est plus beau que de servir l’intérêt général.

Voilà pourquoi, en cette veille de fêtes, je tenais à vous adresser ma reconnaissance, et mes plus vives félicitations.

Je vous remercie.