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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Discours de Michèle Picard prononcé lors de ses voeux 2013 à la presse

Janvier 2013, par admin

10 janvier 2013 – Retrouvez le discours de Michèle Picard lors de ses voeux 2013 à la presse

L’élection de François Hollande, en mai dernier, a été l’expression du rejet de Sarkozy, mais elle a suscité également des attentes de la part de Français désemparés, voire démunis, face à la crise. Attentes sur l’emploi, attentes sur l’accès aux soins, sur le logement, attentes sur la ré industrialisation de notre pays, attentes sur une autre Europe, attentes sur une fiscalité plus juste, et sur une redistribution des richesses plus solidaire.

Au bout de six mois, le compte n’y est pas, et les mesures prises ne sont pas à la hauteur de l’urgence sociale actuelle dans notre pays. Je prendrai deux exemples parlants, qui marquent la déception des Français. L’Europe libérale, l’Europe de l’austérité des peuples, l’Europe qui renie la souveraineté des États, elle est là, toujours en place, c’est l’Europe voulue par le duo Merkel-Sarkozy, et François Hollande, malgré son pacte de croissance, s’y est résigné.

Et puis il y a Florange, symbole d’une industrie, de compétences et d’ouvriers dont le sort, plus que fragile, reste lié encore et toujours au capitalisme financier. Sentiment légitime de trahison des syndicats et des travailleurs, sentiment d’impuissance et de résignation du gouvernement qui, au lieu d’envoyer un signal fort à travers un portage public de l’entreprise, choisit de faire confiance à un patron aux pratiques plus que douteuses.

Ces deux exemples sont convergents : ils nourrissent le sentiment de capitulation de l’État, d’une finance qui met au pas la politique et le citoyen, et ce sont sur ces deux terreaux que l’extrême droite, partout en Europe, prolifère et s’enracine. La France et les Français attendent une autre politique, ils attendent une gauche qui lutte, qui ne se renie pas, qui s’assume, et c’est là, je le crois, que l’on reste au milieu du gué.

Nous ne vivons pas une crise sociétale mais une crise de société et c’est à elle qu’il faut répondre de toute urgence. Car la précarité, le chômage, la pauvreté et les inégalités ne cessent de se creuser, et ne cessent de gangrener la vie des familles modestes, la vie dans nos villes, dans nos quartiers. C’est à cette urgence et c’est à cette détresse qu’il faut répondre en priorité.

Bien sûr, tout n’est pas négatif dans ces 6 premiers mois : l’ambition affichée dans l’Éducation nationale, les orientations prises en matière de logement, les dispositifs destinés aux jeunes vont dans le bon sens, mais il faudra aller encore plus loin pour sortir le pays de l’ornière.

En tant que maire, j’ai également envie de dire au gouvernement qu’il fait fausse route, en imposant l’austérité aux collectivités locales. Les annonces successives de Jérôme Cahuzac et de Marylise Lebranchu (gel des dotations dans un premier temps pour les collectivités, puis baisse de 2,25 milliards d’euros pour la période 2013-2015), seront contre-productives à tous les niveaux. D’une part parce qu’il faut bien répondre aux besoins croissants de nos habitants, qui subissent de plein fouet les effets de la crise. L’étude Compas de l’été 2012 a montré que 32% des Vénissians vivent sous le seuil de pauvreté. Nos services publics de proximité doivent être en capacité d’agir, face à cette explosion de la précarité, et ce n’est pas en diminuant les dépenses de fonctionnement des collectivités que l’on y parviendra.

Une austérité contre-productive également pour les PME-PMI, TPE, pour l’emploi de proximité, car si les villes sont dans l’obligation de réduire leurs capacités d’investissement, c’est le moteur économique qui sera endommagé. Les ¾ de l’investissement public en France proviennent des collectivités locales, y toucher, c’est s’enfoncer durablement dans la crise, et c’est hypothéquer gravement nos chances d’en sortir le plus vite possible. L’austérité pour l’austérité ne résoudra rien, elle sera un remède pire que le mal.

Les préoccupations générales que je viens d’évoquer sont celles qu’exprime une majorité de Vénissians. La récente enquête Ipsos que j’ai commandée, pour être au plus près des besoins et des attentes de nos habitants, pour améliorer aussi notre travail de fond, confirme en quelque sorte nos choix politiques. La ville de Vénissieux a fixé des orientations claires, qui répondent aux attentes exprimées par la plupart des habitants. Les Vénissians ont mis en avant des thèmes bien précis : la sécurité à hauteur de 66%, le logement (42%), l’aide sociale (34%), le développement économique (33%), autant de priorités sur lesquelles nous travaillons depuis des années.

Il n’y a pas d’autosatisfaction de ma part, il y a le constat que notre politique colle avec les besoins et les attentes des habitants. Dans les indices de satisfaction de la population (transports en commun, accueil du public, activités culturelles, équipements sportifs, propreté), nous avons des retours très encourageants, une forme de reconnaissance du travail accompli. C’est essentiel, dans la mesure où nous voulons construire une ville avec et pour ses habitants, mais ça n’est pas non plus un point final, car le pire serait de se reposer sur ses lauriers. La rixe dramatique sur le plateau des Minguettes est venue nous rappeler que rien n’est acquis, de surcroît en termes de sécurité, et que la situation reste fragile, ici ou là.

Mais les efforts que nous fournissons payent, les fondations me semblent saines et solides. Vénissy, Armstrong, Romain Rolland, projettent déjà Vénissieux dans un proche avenir, et illustrent notre volonté de construire du logement social, pour répondre à la demande des familles modestes, tout en permettant une diversification des parcours résidentiels. Depuis 2010, plus de 1 300 logements neufs ont été livrés à Vénissieux, ce qui est remarquable. Mais je ne veux pas réduire l’essor de notre ville à sa seule dimension urbaine.

En 2012, nous avons célébré les 20 ans de l’Espace Central Jeunes, symbole d’un contrat fort entre génération, inscrit dans le temps et la durée. Nous l’avons renforcé encore avec la création du Conseil Municipal Enfants, et l’EPJ Pyramide.

2013 poursuivra ce chemin avec l’inauguration officielle, en février prochain, de l’EPJ Léo Lagrange, déjà en état de marche, dans l’ancienne structure « Terrain d’aventure ». Les habitants en avaient fait la demande à juste titre, et les différentes études du CUCS avaient montré une vraie carence à ce sujet. Rompre l’isolement des jeunes, de façon à créer une dynamique positive sur le quartier ; stimuler et initier des projets mis en œuvre par la ville, pour renforcer aussi bien le vivre ensemble que l’estime de soi, ce sont des choix politiques forts, moins spectaculaires peut-être, mais essentiels pour se sentir vénissian, pour se sentir intégré à sa commune et à ses projets.

2013 verra la concrétisation de l’investissement le plus fort de la ville durant ce mandat, avec l’ouverture du nouveau groupe scolaire et de la maison de l’enfance Joliot-Curie. Une nouvelle école maternelle de 6 classes, une nouvelle école élémentaire de 11 classes, un nouveau restaurant scolaire, et une nouvelle maison de l’enfance, d’une capacité d’accueil de 84 places : la jeunesse est au cœur de notre pacte communal, et les deux années qui viennent, avec également le nouveau lycée Jacques Brel en 2014, vont être des marqueurs forts du développement de notre ville.

L’année qui s’ouvre s’annonce redoutable, pour l’emploi et l’industrie dans notre pays. Le combat exemplaire mené pour sauver les emplois et les savoir-faire de Veninov doit se poursuivre, car les inquiétudes demeurent, tout comme à Bosch ou Renault. Les repreneurs se croient au-dessus des lois, il faut que cela cesse, que les engagements soient respectés une bonne fois pour toutes ! 2013 sera révélateur de la volonté de l’État Français de stopper l’hémorragie de nos savoir-faire industriels, et de relancer notre outil de production. L’avenir de notre pays, de nos régions, de nos territoires en dépend, et ce combat-là, en 2013, nous n’avons pas le droit de le perdre.

J’aimerais, pour conclure ces vœux à la presse, m’adresser aux journalistes que vous êtes. La presse occidentale continue de s’enfoncer dans une crise, non pas cyclique, mais structurelle. L’année 2012 aura été une année noire : la France a perdu deux quotidiens, de même que l’Allemagne. Les messageries sont touchées, comme Presstalis, avec l’annonce de la suppression de 1 250 emplois. C’est l’héritage du CNR, avec une égalité de fait des éditeurs face à la distribution, que l’on veut dilapider, et là encore, on mesure les effets négatifs de la déréglementation, dans le cadre d’une diffusion démocratique des journaux sur l’ensemble du territoire. Des plans sociaux sans précédent se multiplient, la diffusion des journaux chute en Europe, avec -3,4% entre 2011 et 2010. Partout le même constat : baisse des revenus publicitaires, mutation des habitudes de lecture, concurrence de l’info gratuite sur internet, et surtout cette impasse d’un équilibre économique support papier- web, qui tarde à se concrétiser. Je sais que vos conditions de travail ne sont pas faciles, et ne cessent de se dégrader depuis 15 ans.

121 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur profession, l’une des années les plus meurtrières, très lourd tribut à payer pour la liberté d’informer, la liberté d’expression, la liberté tout court. Quand la presse se porte aussi mal, c’est la démocratie tout entière, les espaces de débat, d’idées et de contradictions qui sont appauvris. Je ne prends pas ce péril à la légère, car il est le symptôme d’une société en crise et en manque de repères. Je vous souhaite en tout cas une bonne année 2013, aussi bien personnelle que professionnelle, une année riche d’actualités… à Vénissieux, bien sûr !

Je vous remercie.

Michèle PICARD

Maire de Vénissieux

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