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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Présentation des vœux aux associations et aux personnalités
Janvier 2013, par adminLundi 21 janvier 2013
Retrouvez l’intervention de Michèle Picard, lors de la présentation de ses vœux aux associations et aux personnalités, le vendredi 18 janvier 2013.
« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement, est une civilisation décadente ». Aimé Césaire aurait eu cent ans cette année, sa citation, elle, est bien de notre siècle. Il y a, effectivement, au cœur de notre société une forme de décadence, celle de ne plus accorder d’importance à ce qui compte vraiment : la place de l’homme dans la cité, dans le monde du travail, dans l’environnement qui l’entoure. Individualisme, libéralisme, financiarisation de l’économie et de nos vies, ou comment en 30 ans substituer aux sciences humaines les sciences du rentable et du cynisme. Tout, tout de suite, quitte à marcher sur l’autre, quitte à ignorer la réalité de l’autre, quitte, bientôt, à le nier.
La crise que nous traversons n’est pas née du jour au lendemain, elle est le fruit de ces 30 années de dérive, du toujours moins d’Etat et toujours plus d’argent ; mais le résultat, lui, est sous nos yeux, brutal, injuste, inhumain. Une jeunesse qui se sent à juste titre exclue, des ouvriers, des employés méprisés, des retraités isolés, des familles désemparées, et une pauvreté qui n’en finit pas d’augmenter. Presque 9 millions de pauvres en France en 2012, ça devrait tous nous interpeller, nous indigner, nous révolter ! C’est dans ce contexte tendu que l’élection de François Hollande est intervenue, entre rejet du sarkozysme et espoir d’une nouvelle politique. Les Français ont fait part de leurs attentes, mais bon nombre d’entre elles n’ont pas été comblées. Certes il y a une nouvelle volonté pour l’Éducation nationale, en matière de logements, dans les dispositifs d’insertion des jeunes, mais sur le fond, et c’est l’impression actuelle qui domine, rien n’a vraiment changé.
L’Europe libérale, l’Europe de l’austérité des peuples et de la perte de souveraineté de l’Etat, elle est là, toujours là, et bien en place. La finance, qui spécule sur les dettes publiques, qui assèche l’économie réelle, qui détruit les savoir-faire industriels, la vie des hommes, des femmes, et l’aménagement de nos territoires, cette finance, elle est là, toujours là, et bien en place. Nous sommes bien placés, ici à Vénissieux, pour le savoir : inquiétudes chez Bosch, Renault, volte-face et promesses non tenues à Veninov, où le repreneur se comporte comme s’il était au dessus des lois, au dessus des autorités préfectorales, en toute impunité !
Le libéralisme continue de jouer, mais le politique semble s’y résigner : c’est cette règle du jeu qu’il faut inverser, et c’est ce que nous attendons d’une gauche pas simplement gestionnaire, mais de combat, ambitieuse et transformiste. Règle d’or, Florange, plans d’austérité, autant de symboles d’une capitulation qui nourrit, en France comme en Europe, les simplismes et les démagogies populistes et d’extrême droite. Cette crise n’est pas une crise sociétale mais de société, et c’est ce défi qu’il faut relever, c’est à cette urgence, à cette détresse sociale qu’il faut répondre. Dans ce contexte de crise profonde, imposer comme unique ligne d’horizon l’austérité à la population comme aux collectivités, me paraît contre-productif. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault serre encore l’étau autour des communes, avec le gel, puis la baisse des dotations aux collectivités de 2,25 milliards d’euros, pour la période 2013-2015. Cette chute s’accompagne de surcroît par des réformes nationales, pour lesquelles les collectivités devront à nouveau mettre la main à la poche, je pense notamment aux nouveaux rythmes scolaires. Ce débat n’est pas uniquement politique, il touche le cœur de développement de nos villes.
Sacrifier des services auprès d’habitants touchés en nombre par la précarité et le chômage, c’est impensable et inhumain. Sacrifier nos capacités d’investissement (¾ de l’investissement public en France provient des collectivités), c’est foudroyer l’activité économique de proximité, c’est pénaliser les PME-PMI, et alimenter le chômage. Imaginons ensemble ce que serait Vénissieux en appliquant cette doctrine de l’austérité généralisée. La reconstruction du CNI abandonnée, le projet de groupe scolaire du Centre reporté, les subventions sociales, culturelles et associatives, et des équipements publics, a minima, le logement social en berne, etc, etc : on aurait une ville en panne, une ville figée, une ville qui ne pourrait plus répondre aux attentes de ses habitants, ni même envisager son propre avenir.
Dans nos vies, comme dans la vie de nos territoires, de nos quartiers, il est toujours plus facile de détruire que de construire. En l’espace de 15 ans, Vénissieux a effectué un bond en avant prodigieux. Grâce aux associations, aux acteurs économiques, à nos partenaires, grâce aux politiques volontaristes que nous menons contre les discriminations, contre les ségrégations, grâce à chacun de vous ici, les vénissians se sentent à nouveau bien dans leur ville. De tous les indicateurs positifs (population en hausse, qu’on peut estimer aujourd’hui à 62 000 habitants ; effort continu et sans précédent en matière de logements neufs), de tous ces indicateurs, donc, c’est celui des habitants que j’estime le plus encourageant, et le plus significatif. La récente enquête IPSOS vient de l’illustrer : 76% d’entre eux se disent satisfaits de vivre à Vénissieux. Ce pourcentage nous est adressé, comme une reconnaissance du travail accompli, et comme une nouvelle exigence de faire mieux, de faire plus, de continuer d’œuvrer ensemble pour les vénissians.
Pour ce qui est des compétences ville, les vénissians jugent positivement, à près de 74%, l’accueil du public dans les services municipaux. 74% de satisfaction également pour les activités culturelles, 74% pour l’information municipale, 73% de réponses positives pour les espaces verts et équipements sportifs, 72% pour la propreté, etc. Je tiens aussi à associer le Sytral pour la qualité des transports en commun, appréciés par les habitants. Ces indices de satisfaction ne sont pas en soi une finalité, c’est une base saine et partagée, justement pour ne pas s’arrêter en chemin, mais bien pour poursuivre inlassablement nos efforts, pour tendre vers une ville toujours plus solidaire, toujours plus agréable à vivre, toujours fière de son passé, et désormais confiante en son avenir.
Je tiens vraiment à vous le dire : chacun de vous ici, avec ses compétences, avec ses envies, a contribué à améliorer le quotidien des vénissians, et à redorer l’image de notre ville, et c’est un acte fondamental pour Vénissieux. Nous savons aussi que rien n’est acquis, en matière de sécurité notamment, de chômage des jeunes également, que des fragilités demeurent, et que des progrès dans certains secteurs restent à accomplir.
Mais ce que je constate avant tout, c’est que les combats de la ville (le logement social, le droit à la tranquillité, l’éducation, la culture, le sport pour tous, sans aucune discrimination), tous ces combats que nous portons politiquement depuis des années, répondent aux attentes de la population, dont les préoccupations rejoignent celles qu’expriment les Français, à l’échelle du pays. Restons près des gens, des habitants, restons près du terrain, du quotidien, des interrogations, et des espoirs des jeunes comme des aînés, c’est là que bat le cœur de Vénissieux, dans la proximité, dans les solidarités, dans la modestie aussi. Car notre ville sait d’où elle vient, car il n’y a pas d’avenir prometteur sans racines profondément ancrées, dans notre mémoire collective.
Vénissieux sait d’où elle vient, elle sait aussi où elle va. 2013 marquera l’ouverture du nouveau groupe scolaire et de la maison de l’enfance Joliot Curie. Nous ne parions pas sur la jeunesse, nous investissons pour elle, car elle est une force, car c’est aussi le moteur et l’ambition de notre pacte communal. Les premières constructions de l’îlot Romain Rolland donneront une idée, de ce projet urbain et paysager ambitieux. Contrairement aux idées reçues, nos réserves foncières ne signifient pas du bétonnage à tout va, et améliorer le cadre de vie, c’est tenir à l’ensemble de nos espaces verts, qui font partie du patrimoine et de l’identité vénissiane. L’îlot A Vénissy, les 150 logements de la 1ère tranche Pressensé, toujours le logement, encore le logement : je ne vais pas ouvrir le catalogue des douze mois à venir, car la soirée risquerait d’être longue.
Non, ce sur quoi je veux insister, c’est sur les quatre nouvelles polarités qui vont tirer par le haut notre ville : le renouvellement urbain des Minguettes et Max Barel ; le projet cœur de ville qui redessinera un centre-ville conforme à celui d’une 3ème ville de département ; la colonne vertébrale T4-gare de Vénissieux, et enfin l’axe Bonnevay sur ses deux rives, depuis Parilly jusqu’à Saint-Fons. C’est certainement à ce sujet que l’on mesure mieux le chemin parcouru par la ville depuis 40 ans. Longtemps, par nécessité absolue, par urgence, tout simplement parce que nous n’avions pas le choix, Vénissieux a avancé par réaction.
Depuis quelques années, Vénissieux avance en se projetant, comme si, enfin, nous avions pris du temps au temps, pour développer avec les vénissians des projets forts, ambitieux et structurants. La maturité, l’écoute, les propositions et la concertation avec les habitants, lors des dernières assemblées des conseils de quartier, me font dire qu’un élan est bel et bien né. Les quatre grandes polarités que je viens de citer en sont la preuve : Vénissieux a forcé son destin, et ouvert en grand les portes de son avenir. Il est devant nous et à portée de main. L’année qui s’ouvre devra être celle de toutes les solidarités.
La crise frappe les plus démunis, les plus fragiles, et 2013 risque de déchirer encore un peu plus notre tissu social et notre modèle social. Nous devrons être vigilants, patients, pas simplement dans les intentions, mais dans les actes, pour être au plus près des personnes isolées et désemparées, des jeunes et des seniors exclus du monde du travail, des familles qui ne s’en sortent plus financièrement. Le nerf de la guerre, nous le connaissons tous, c’est la sauvegarde de nos savoir-faire, c’est la pérennisation de notre industrie, c’est la lutte sans précédent pour l’emploi.
J’ai l’habitude de dire : avant de partager les richesses, il faut déjà les produire. Notre pays est face à un vrai défi de société, et Vénissieux, avec ses entreprises, avec son patrimoine et son histoire industriels, est bien placé pour le savoir. Soit le pillage du capitalisme financier continue de détruire la production, les hommes, les femmes et nos territoires, et alors le prix à payer sera redoutable pour des générations entières. Soit nous nous mobilisons pour enrayer cette machine économique, folle et destructrice, et alors notre modèle social retrouvera des couleurs.
C’est Veninov, et j’aimerais que chacun ici se mette à la place des ouvriers, de ce qu’ils endurent depuis plus de deux ans, c’est Bosch, c’est Renault, ce sont toutes nos activités, toutes nos richesses locales et nationales qu’il faut défendre, centimètre par centimètre. Car briser une PME ou une PMI, c’est toucher la ville de Vénissieux. Car humilier des travailleurs, c’est blesser l’histoire et la mémoire de Vénissieux. Car anéantir des savoir-faire au jeu du Monopoly, c’est ralentir l’essor de Vénissieux. Alors, oui, il faut se battre, et nous n’avons pas le choix, avec l’Etat qui devra montrer sa détermination, avec toutes les collectivités territoriales, avec les syndicats, avec les salariés, avec les chefs d’entreprise qui jouent le jeu et il y en a plus qu’on ne le croit.
Même si nous ne sommes pas donneurs d’ordre en la matière, notre ville, qui compte plus de 2300 entreprises sur son territoire, soit 29 000 emplois, travaille sans relâche pour favoriser l’implantation des PME-PMI et les commerces de proximité. Des études sont en cours, bien évidemment, pour le projet de cœur de ville, l’éco-parc du Couloud a également un énorme potentiel, et suscite un réel intérêt, bref, nous mettons en place des dispositifs pour booster l’emploi local. Lorsque l’on parle de l’attractivité retrouvée de Vénissieux, on pense immédiatement à l’immobilier et à l’intérêt toujours croissant des bailleurs pour les programmes à venir. Je peux vous affirmer que les entreprises ont adopté la même attitude, en restant fidèles à notre territoire, et en cherchant à s’y développer. Les Vénissians auront plus que jamais besoin de nous cette année.
Nos services publics de proximité, les associations, les acteurs économiques, l’ensemble des collectivités, et l’Etat en premier lieu, les citoyens que nous sommes, tout le monde doit agir avec force, pour aider nos habitants à passer douze mois qui s’annoncent très difficiles. C’est par nos solidarités que Vénissieux est sorti de l’ornière, c’est par le sens de l’intérêt général et du bien commun que nos habitants se sentiront soutenus, et acteurs de leur propre ville. C’est au cœur de notre histoire et de notre parcours que nous trouverons les ressources et l’énergie, pour passer ce cap et pour réaffirmer la primauté de l’humain et du pacte républicain sur les forces de l’argent et du profit immédiat. Je sais pouvoir compter sur vous et les vénissians savent qu’ils peuvent compter sur nous. Sur cette proximité inégalable que permet la commune, autonome, indépendante, première marche du pacte républicain, premier socle d’une citoyenneté partagée et rénovée, première fondation d’un aménagement du territoire juste et indivisible.
Je vous souhaite, à tous et à toutes, une bonne année 2013, une année de toutes les solidarités, une année de créativité, de combats et d’espoirs pour votre famille, pour vos proches, et pour que Vénissieux, dans sa diversité et dans son unité, poursuive sa marche en avant.
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