Lundi 18 février 2013.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la soirée de clôture des Musicianes 2013, vendredi 15 février.

Découvrir, s’initier, s’ouvrir à d’autres cultures, partager collectivement nos émotions. C’est toute la richesse musicale, toutes les diversités sonores que nous explorons avec les Musicianes, ici à Vénissieux. Bach, l’Argentine, la Bretagne, l’Espagne et pour cette 5^e édition, les bords de la mer noire.

C’est un moment de rencontres unique avec les univers musicaux de la Bulgarie, Roumanie, Géorgie, de l’Ukraine, de la Turquie et de la Russie que nous avons partagé tout au long de la semaine, à travers des concerts, des conférences, des débats et une nouveauté cette année, les concerts chez l’habitant. Ou comment la musique peut s’inviter chez vous, et ou comment aussi la musique vous tend les bras.

Les ateliers gratuits, organisés chaque jour à l’école de musique Jean-Wiener, constituent ainsi un formidable outil de promotion et d’initiation, ouvert à tous. Je tiens à remercier tous ceux qui sont liés à l’organisation de cette manifestation et à la formidable synergie qui prévaut entre les équipements culturels de notre ville, que ce soit l’école de musique, le cinéma Gérard-Philipe, la médiathèque, nos bibliothèques, etc.…

Nous sommes tous là pour défendre une culture populaire, démocratique, une culture à portée de main des Vénissians, et nous pouvons en être fiers. On peut d’autant plus s’en féliciter que les Vénissians, dans la dernière enquête Ipsos, ont exprimé, à une très large majorité, leur satisfaction pour la véritable dynamique culturelle, en place depuis des années sur notre ville. Raison de plus pour continuer de travailler, et continuer de rapprocher la culture de ses habitants et de ses territoires. C’est là qu’elle reste vivante, au contact d’un public le plus large possible.

Je profite de cette soirée de clôture des Musicianes, pour rappeler à chacun que la culture doit être défendue car elle est, aujourd’hui, en danger. Il suffit de voir l’état de l’industrie du disque et la fermeture annoncée de grandes enseignes culturelles, pour mesurer la fragilité du secteur. Bien sûr la bascule vers le numérique et les achats par internet ont bousculé l’ensemble de la profession, mais cela n’explique pas tout. Partout en Europe, les budgets dédiés à la Culture, en forte baisse, font les frais des politiques d’austérité. -22% en Grèce, -17% en Italie, -7% en Espagne, au Royaume Uni, et entre -3 et -4% en France, puisque notre pays n’échappe pas à la règle.

La culture est devenue la variable d’ajustement des politiques libérales, et c’est un contresens historique. Contresens, car c’est la culture qui fonde et cimente l’idée européenne, car c’est la culture qui ouvre les esprits et renforce le vivre ensemble, car c’est la culture qui dessine de nouveaux horizons pour l’aménagement de nos territoires.

Je n’ai pas peur pour l’industrie du spectacle et les majors, qui retomberont toujours sur leurs pattes, je m’inquiète pour l’expression de la diversité culturelle, pour la création, pour l’organisation de festivals, dont certains éprouvent d’énormes difficultés à boucler leurs budgets. Je m’inquiète pour ce que j’appelle la culture de proximité, celle qui fait vivre nos quartiers, celle qui mobilise et fédère nos habitants, celle qui anime nos soirées, nos week-end.

Le gel des dotations de l’État aux collectivités pour 2013, puis la baisse annoncée pour la période 2013-2015, ces mesures budgétaires auront des effets négatifs sur les finances des communes, mais elles vont frapper aussi, par ricochets, le monde associatif et la culture de proximité. Retenons ensemble ces chiffres : sur les 10 milliards de dépense publique annuelle consacrée à la culture en France, l’État en verse 3 quand les collectivités, villes en tête, en versent 7 !

Ce sont les communes qui épaulent et font vivre la culture de proximité, tout comme la culture de proximité fait vivre notre commune, et il y a dans ce lien étroit et réciproque, la force de notre politique culturelle. La ville de Vénissieux y est attachée en consacrant pas moins de 9% de son budget à la culture.

Je crois que tout le monde ici tient aux Musicianes, aux Fêtes Escales, festival gratuit, et il n’y en a pas tant que ça en France, aux programmations de nos cinéma et théâtre, à l’école de Musique, à l’espace Pandora, aux ateliers d’arts plastiques, au projet Bizarre, parce que la création change nos vies, parce qu’elle allège notre quotidien, parce qu’elle forge une identité à notre ville.

A l’image des Musicianes, la musique et la culture en général sont des communautés d’émotions, de découvertes et d’échanges, et il n’y a rien de plus précieux.

Je vous remercie.