⇒ http://www.michele-picard.com
Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Luis Buňuel : 30e anniversaire de sa disparition
Juillet 2013, par admin
Luis Buňuel fait partie de ces cinéastes atypiques qui ont révolutionné le 7ème art. Jamais il ne s’est fixé dans un quelconque schéma, laissant libre-court à son imagination bouillonnante.
Son œuvre traverse les époques sans perdre de son intelligence. Elle montre combien l’audace, l’originalité et la transgression pouvaient trouver à la fois un large public et un cadre artistique.
Le 30ème anniversaire de sa disparition est pour nous, l’occasion de nous interroger à propos du cinéma. Qui oserait produire Buňuel en 2013, qui oserait produire un Jean-Luc Godard ? Qui oserait se lancer dans l’aventure en lisant le scénario « Le charme discret de la bourgeoisie » ou bien « Le journal d’une femme de chambre » ?
Les modes actuels de financement, aux mains des grands groupes de communication, formatent le cinéma en règle générale, et ce dès le stade de l’écriture. Le cinéma français n’échappe pas à la règle. Dans la production, la diffusion et la réalisation, un fossé s’est créé entre un cinéma « de l’industrie », qui draine les investissements les plus lourds, et un cinéma d’auteur, le plus souvent cantonné à la vitrine des festivals internationaux. L’exemple de Buňuel est à ce titre parlant, dans la mesure où ses films savaient réunir succès en salles et exigence artistique. L’anniversaire de sa disparition nous rappelle aussi la fragilité du monde de la création, dont la liberté d’expression est entravée de nos jours par la puissance économique. Pour le cinéma d’auteur en France, les aides se sont échelonnées à hauteur de 600 000 euros seulement pour l’année 2011.
Luis Buňuel, c’est à la fois une profonde modernité dans un contexte et une époque en pleine ébullition ; le surréalisme. Il a réalisé son premier film « Un chien andalou », qu’il tourne avec Dali. Son environnement, c’est Man Ray et Louis Aragon, Pablo Picasso, André Breton, Max Ernst, Paul Eluard, René Magritte, Jean Cocteau. Ce petit chef-d’œuvre de 17 mn, fait partie des films les plus virulents jamais réalisés en faveur de la liberté artistique. Ils ont utilisé le procédé de l’écriture automatique emprunté aux techniques littéraires surréalistes et ont retranscrit sur papier leurs terribles rêves qui se succèdent à l’écran. Cette réalisation a été projetée au cinéma 8 mois durant, provocant scandale et indignation. Ce qui n’était pas pour déplaire à Buňuel et ses amis surréalistes.
Tous ses films sont subversifs, en lutte contre la bourgeoisie dominatrice, l’ordre militaire ou religieux. La force de son image réside dans la puissance mentale qu’elle laisse chez le spectateur. Ce sont les actes manqués du Charme discret de la bourgeoisie, les métaphores visuelles et terribles du « Journal d’une femme de chambre », l’œil tranché et la lune coupée en deux par un nuage dans « Le chien andalou ». C’était cela Luis Buňuel, un anarchiste surréaliste, d’une audace créatrice inégalable.
Il faut voir et revoir cette œuvre entière et singulière. Ceux qui ne le connaissent pas ont cette chance unique de découvrir pour la première fois Luis Buňuel. Avec un regard neuf, un regard curieux, un regard qui ne sera plus le même. A Vénissieux, nous défendons une certaine forme de cinéma à l’image de Luis Buňuel, notre cinéma Gérard Philipe étant classé Art & Essai. Les trois majors du cinéma ont d’ailleurs intenté un procès en 2008, à l’encontre de la municipalité, sous le prétexte de « concurrence déloyale ». Défendre le réalisateur espagnol aujourd’hui, c’est défendre une certaine idée, une certaine liberté et pluralité du cinéma, comme la programmation de nos salles Gérard Philipe le fait tout au long de l’année. Loin, très très loin d’une certaine culture marchande…
→ Lire la suite sur le site d’origine…