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Publié le lundi 23 mars 2009

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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Conférence de presse de rentrée

Septembre 2013, par admin

Le 6 septembre 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, le jeudi 5 septembre 2013 .

Je tenais déjà à vous remercier d’être venus assister à cette conférence de rentrée.

La trêve estivale a été marquée par une actualité internationale dramatique au Moyen Orient. Bains de sang et putsch en Egypte, deux ans de guerre civile en Syrie, avec l’utilisation, a priori avérée, d’armes chimiques contre des populations civiles, des villes entièrement détruites, plus de 100 000 morts au total : l’escalade de la violence et de l’horreur se poursuit, et se propage, dans l’ensemble de la région, jusqu’au Liban que l’on cherche à déstabiliser. La situation actuelle au Moyen Orient montre un monde sous tension, un monde qui se radicalise, et qui atteint des degrés de violence insoupçonnable et inacceptable.

Il y a une montée de la radicalité, une forme de décote humaine sur l’ensemble de la planète qui est très alarmante. Et ce sont les peuples qui payent, et plus particulièrement le peuple syrien, plongé dans un véritable cauchemar depuis plus de deux ans. Cette montée des radicalités, elle est aussi présente dans nos sociétés et au cœur de l’Europe.

Le modèle économique actuel, destructeur et ravageur, fait monter les nationalismes sur l’ensemble du Vieux Continent. Là encore, les idées se radicalisent, les populismes enflent, et profitent du désarroi de la population, et l’extrême droite, avec son terreau de haine et de rejet, gagne du terrain dans tous les pays de l’Union Européenne. Il faut prendre aujourd’hui cette menace très au sérieux, il faut s’y attaquer dès maintenant et frontalement.

A Vénissieux, nous sommes passés, début août, à deux doigts du pire. Personne n’ose imaginer le drame humain qu’aurait provoqué le passage à l’acte du militaire, qui voulait ouvrir le feu sur la mosquée El Forkane, lors de la fin du ramadan. La colère et l’indignation ne suffisent pas, il faut lutter au quotidien contre la prolifération des idées xénophobes de l’extrême droite, contre tous ces discours qui prêchent la haine de l’autre, et qui clivent dangereusement notre société. L’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie, les agressions racistes, les incivilités, les discours d’intolérance se banalisent, se multiplient, et empoisonnent notre démocratie. Le drame humain qui a été évité, et je tiens à saluer le travail et l’intervention à temps de la DCRI, doit être un signal fort, un signal pour réveiller nos consciences.

Ce climat malsain, qui n’est pas sans rappeler les années 30, est aussi entretenu par un glissement d’une partie de l’UMP vers la rhétorique du Front National. Des digues ont été brisées entre la droite républicaine et l’extrême droite, bien souvent sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, qui porte une lourde responsabilité en la matière. Ses propos, ainsi que ceux de certains de ses ministres, lors de son quinquennat, puis sa campagne odieuse de l’entre deux tours en 2012, ont laissé des traces. Des lignes ont été franchies, là encore les idées se radicalisent, et je crois qu’il faut prendre très au sérieux cette montée de l’intolérance, et cette menace du populisme et de l’extrême droite en France. C’est un marqueur concret de la dégradation du climat social dans notre pays, et c’est un défi que la gauche et les progressistes, doivent relever ensemble.

Il y a un réel désarroi des classes populaires, et une exaspération aussi, que le gouvernement actuel doit entendre.

L’élection de François Hollande a suscité un espoir, que les politiques d’austérité, menées depuis lors, ont très clairement refroidi. Nous savons qu’il a hérité d’une situation difficile : la crise économique, des finances publiques exsangues après les 5 années d’une fiscalité pour les nantis de Nicolas Sarkozy, des services publics détruits par dix années de droite (dans l’éducation, dans le secteur hospitalier), une crise du logement sans précédent. Redresser l’état général du pays ne se fait pas du jour en lendemain, chacun peut le comprendre. Mais je crois que l’espoir et les attentes des Français, portaient sur une véritable politique de rupture avec les doctrines libérales, et c’est là qu’ils ne voient pas de véritable changement.

La réforme des retraites, présentée par le gouvernement, en est la parfaite illustration. En 1982, c’est la gauche qui instaurait une grande réforme progressiste, en ouvrant le droit à la retraite à 60 ans. 30 ans plus tard, les mesures annoncées ne retrouvent pas cette ambition, et au contraire continuent de s’inscrire dans la lignée des réformes de la droite de 95, 2003, 2007, et 2010. Allongement de la durée des cotisations, le monde du travail à nouveau mis à contribution avec une hausse des cotisations sociales (pour quelqu’un gagnant le smic, cela représentera tout de même 54 euros par an), des retraités ponctionnés (alors que la retraite médiane nette, une fois payée CSG et CRDS, est de 993 euros par mois !) : bref, à l’image de l’accord national interprofessionnel, on continue de céder aux exigences de la BCE, du FMI et du MEDEF. Depuis 20 ans, tout le monde reprend l’argument « il faut travailler plus longtemps car l’on vit plus longtemps », mais personne, par contre, ne dénonce le fait que dans le même laps de temps, 5 points du PIB sont passés de la rémunération du travail (salaires, cotisations) à la rémunération du capital (dividendes et rentes). On peut donc financer le système de retraites par répartition sans toucher à l’âge de départ, sans augmenter les annuités, sans baisser le niveau des pensions. A une condition : avoir la volonté politique de s’attaquer au partage inégalitaire des richesses, de prendre l’argent là où il dort, là où il n’est investi ni dans le système productif, ni au service de l’intérêt général. Enfin, cette réforme masque une vraie réalité : en augmentant la durée de cotisations à partir de 2020 pour atteindre 43 annuités en 2035, il sera quasi impossible de toucher une retraite à taux plein à l’âge légal de départ fixé à 62 ans.

Nous le dénoncions en 2010, lors de la réforme injuste et inégalitaire du duo Sarkozy-Fillon, nous le dénonçons aujourd’hui, car c’est la porte ouverte à une privatisation rampante des retraites.

Pour mémoire, en 2007, seules 44% des femmes parvenaient à valider une carrière complète, contre 86% pour les hommes. Aujourd’hui, six salariés sur dix sont déjà évincés du monde du travail, au moment de partir à la retraite. On imagine les pourcentages en 2035 !

En clair, il y aura ceux qui pourront compléter leurs pensions par capitalisation, et les autres, soit la grande majorité des salariés de notre pays, qui basculeront dans la précarité. Rappelons-nous que près d’un million de retraités vit en dessous du seuil de pauvreté, et qu’en un peu plus de dix ans, leur pouvoir d’achat a chuté de 10 à 20% ! C’est le droit à une vie décente après des années de travail, qui est remis en cause, c’est un droit inaliénable, et c’est ce droit que François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent défendre, et non pas fragiliser.

Le dispositif pour les femmes (congés maternité mieux pris en compte), la création d’un compte pénibilité constituent quelques avancées, mais elles ne compensent pas l’esprit général de cette réforme, qui met à contribution le monde du travail.

Il faut redonner de l’espoir aux classes populaires de notre pays, et il faut répondre à leurs attentes, et à leurs difficultés quotidiennes. Pouvoir d’achat, salaires, logement, emploi des jeunes et emploi industriel, accès aux soins, sécurité : voilà je crois, les préoccupations des français à l’heure actuelle, voilà les urgences sociales auxquelles le gouvernement doit répondre.

On le sait, ce n’est pas la droite qui transformera la société, encore moins cette « nouvelle » droite réactionnaire qui joue sur les peurs et les replis, c’est la mission historique de la gauche, à condition de mettre en place des politiques de rupture, et des mesures progressistes, face à un capitalisme financier qui massacre l’emploi et nos territoires. L’espoir renaîtra à cette condition, et seulement à cette condition, et c’est cet espoir que la gauche doit incarner auprès des salariés, des classes populaires, des jeunes, de tous ceux qui créent et innovent en France. En faisant reculer les injustices sociales, la résignation et le fatalisme ambiant, nous ferons reculer les populismes et l’extrême droite, qui représentent une réelle menace aujourd’hui.

Je voudrais placer cette rentrée 2013 à Vénissieux sous le signe de la jeunesse et de l’école. Plus de 8200 écoliers vont trouver, ou retrouver, le chemin des classes, qui confirme la dynamique enclenchée depuis plusieurs années.

On peut déjà annoncer 6 ouvertures de classes en primaire, voire 9 dans l’hypothèse la plus favorable, de nouvelles options en secondaire, et puis, bien sûr, l’inauguration du nouveau groupe scolaire Joliot-Curie, après les vacances de la Toussaint. C’est l’investissement le plus conséquent de ce mandat, à hauteur de 11,5 millions d’euros. Bâti en 1961, réhabilité en 1992, la ville a opté pour une solution ambitieuse en faveur des écoliers vénissians : l’ouverture, dans à peine deux mois, d’une nouvelle école maternelle de 6 classes (contre 4 à l’heure actuelle), et d’une nouvelle école élémentaire de 11 classes (contre 6 aujourd’hui). Au sujet de l’école élémentaire, 7 classes verront le jour dans le cadre de ces travaux, 4 autres pourront suivre dans le futur, puisque cette réalisation intègre l’hypothèse d’une extension.

S’ajoutent aux nouvelles structures du groupe Joliot-Curie un nouveau restaurant scolaire, et une nouvelle maison de l’enfance, d’une capacité d’accueil de 84 places. Coloré, aéré avec près de 5700 m2 d’espaces extérieurs, répondant aux normes thermiques BBC, le nouveau groupe scolaire va acquérir, j’en fais le pari, une réelle identité visuelle et architecturale, devenant un point d’ancrage au cœur de Vénissieux.

Cette rentrée scolaire s’annonce sous de bons auspices, à un bémol près : l’avenir du Centre d’Informations et d’Orientation. Nous avons demandé à la présidente du Conseil général, Danielle Chuzeville, de maintenir le centre à Vénissieux. Il a toute sa raison d’être dans une ville populaire où les jeunes ont besoin d’être accompagnés, guidés, et soutenus dans leurs choix et orientations scolaires.

Enfin, nous poursuivons notre travail de concertation avec l’éducation nationale, les parents d’élèves, et nos agents, pour mettre en route, et réussir, le passage des écoliers à 4 jours et demi à la rentrée 2014.

La dynamique de la ville ne se dément pas avec la pose de la première pierre, dès le 13 septembre, du CNI. C’est plus qu’un équipement public qui verra le jour, c’est un équipement de mémoire collective, un équipement du patrimoine vénissian qui va renaître, après l’incendie d’origine criminelle qui a bouleversé, et malheureusement pénalisé, les habitants, les scolaires, les clubs et sportifs de Vénissieux, et de l’agglomération. Il y a une symbolique forte dans cette renaissance du CNI, car il s’agit, pour de nombreuses générations, de renouer avec le fil de leur histoire, de se réapproprier un espace du vivre-ensemble, un espace qui manquait cruellement. Les villes de Saint-Fons, Lyon, et Vénissieux, ont joué le jeu, le premier coup de pelle va être donné, signe d’un nouvel élan et d’une nouvelle ambition.

Vénissy, Armstrong, îlot Romain Rolland : en matière de logements, les efforts de la Ville sont considérables, et ne se relâcheront pas cette année, bien au contraire, puisque de grands programmes de rénovation urbaine sont en cours.

Le logement est devenu une priorité pour de très nombreuses familles de Vénissieux, mais aussi de l’agglomération. Répondre à l’urgence des habitants les plus modestes, c’est le logement social, permettre aux Vénissians de changer de logement sans quitter leur ville, c’est la diversification des parcours résidentiels : deux leviers que Vénissieux continue d’activer simultanément. Ces réflexions s’inscrivent dans un cadre plus large, celui du PLUH, et de la place de la ville au cœur l’agglomération lyonnaise, un cadre d’échanges et de discussion avec les Vénissians, lors des réunions organisées depuis avril dernier. Ils sont invités à l’expo-débat qui se tient aujourd’hui même à l’Hôtel de Ville. Sans entrer dans les détails, l’enjeu est clair : Vénissieux a l’ambition et le potentiel, mais aussi des projets structurants importants, pour devenir la grande entrée Sud de l’agglomération.

Le prolongement du tramway T4 jusqu’à la Doua par la Part-Dieu, traduit dès maintenant cette volonté dans les faits.

Répondre aux attentes des habitants, c’est aussi continuer de se battre pour l’emploi, et l’emploi industriel notamment. Veninov, l’annonce de la relocalisation de productions de Renault Trucks en France, sont des signes encourageants, dans la mesure où ils doivent renforcer encore la mobilisation et les capacités à défendre les savoir-faire, les productions, comme c’est le cas aujourd’hui pour les 250 salariés de la filière photovoltaïque de Bosch. L’arrivée du Laboratoire Carso à Vénissieux, représente également une formidable opportunité de créer des passerelles, et de stimuler l’emploi local. Personne ne peut crier victoire en la matière, alors il faut se battre avec l’Etat, avec les collectivités locales, avec les partenaires sociaux, économiques, pour réindustrialiser notre pays, pour ne pas céder un pouce de terrain face au capitalisme financier.

Se battre aussi pour que les collectivités, malgré l’étranglement des finances et les politiques d’austérité dictées par Bruxelles, gardent toutes leurs capacités d’investissement, moteur de l’économie de proximité et de l’emploi local, moteur de la relance et de la sortie de crise.

Les combats ne manquent pas en cette rentrée : combat contre la pauvreté, combat pour l’accès à la santé, au logement, combat pour une culture populaire, vivante et partagée, que le projet Bizarre et la préfabrique Opéra tirent par le haut, combat pour la laïcité et la tolérance, combat aussi, et il est temps d’en prendre la juste mesure, contre des idées et une société qui se radicalisent, contre des discours xénophobes, de haine, de rejet, d’exclusion, qui gangrènent de part et d’autre notre démocratie.

Voilà pour la tonalité de cette rentrée 2013, une rentrée riche d’événements et d’évolutions pour Vénissieux, une rentrée de conviction et de détermination.

Je vous remercie.

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