Sites Web : Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion du lancement des Belges journées. - Blog de Michèle Picard

Publié le lundi 23 mars 2009

⇒ http://www.michele-picard.com

Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion du lancement des Belges journées.

Avril 2014, par admin

Vendredi 11 avril 2014

Retrouvez l’intervention de Michèle Picard à l’occasion du lancement des Belges journées.

En France, tout finit par une chanson. Est-ce à dire qu’en Belgique, tout commence par une bonne blague ?

Le Plat Pays, vu de notre pays, n’en finit pas d’étonner, d’interroger, il n’en finit pas de nous plaire. C’est cet art de la distance, d’un curieux décalage entre un comique de situation et un recours au non-sens, que l’on vous envie. Je vais vous raconter une anecdote qui a eu lieu entre un journaliste français, et Jean-Luc Fonck, chanteur-poète humoristique belge. Ce dernier lui dit, j’ouvre les guillemets : « En France, quand vous mettez une adresse sur les lettres, vous écrivez 116, avenue du Président Kennedy, 75 Paris. En Belgique, c’est une règle qui existe depuis 30 ans, nous devons mettre le nom de la rue, puis le numéro. Par Exemple, Rue Mésidor, 87. Et bien, c’est plus logique chez nous, parce que le facteur doit d’abord trouver la rue, puis il cherche le numéro. Tandis qu’en France, il doit d’abord trouver le numéro, et des numéros il y en a dans toutes les rues, et ensuite il doit trouver la rue. »

C’est peut-être ça que nous aimons par-dessus tout dans la création belge : ce goût du surréalisme, qui met le doigt sur nos propres absurdités, ou comment comprendre par l’humour, ce qu’on n’arrive pas à comprendre par le reste. Plus sérieusement, et sans vous manquer de respect, comment ce petit pays de 11 millions d’habitants fait-il, pour nous offrir une telle pépinière d’artistes ?

Vous voulez une liste non exhaustive, là voilà : Raymond Devos, Henri Michaux, Jacques Brel, Stromaé, Arno, les peintres Flamands, Magritte, Hergé, Benoît Poelvoorde, les frères Dardenne, Philippe Geluck et son chat, et des sportifs aussi, Raymond Goethals, dit Raymond la science, Eddy Merckx. Et comme si cela ne vous suffisait pas, vous nous en avez pris un, Gérard Depardieu, moins pour des raisons humoristiques que fiscales, mais quand même. Bref, tout cela pour vous dire, qu’ici, la création belge résonne de façon particulière. Elle est un peu française, mais si typiquement belge.

Elle nous est proche, mais en même temps, si différente, si caractéristique de l’esprit belge. Cette première édition originale et pertinente des « Belges Journées », est le fruit d’une synergie si précieuse entre nos équipements culturels, pour rendre la culture accessible à tous les Vénissians. Avec le concours du Théâtre de Vénissieux, de la Médiathèque et de l’espace Arts Plastiques Madeleine-Lambert, nous allons pouvoir découvrir quelques pans de la création belge contemporaine.

Du 11 au 13 avril, des compagnies, des plasticiens et illustrateurs, vont faire couler un peu d’Escaut dans le bassin rhodanien.

Nous sommes heureux d’accueillir ces artistes dans notre ville, une ville qui se bat et qui croit en la culture populaire, comme levier du vivre ensemble, et comme formidable outil de l’aménagement du territoire. Résidences pour artistes à l’Escape Pandora, au Théâtre ou encore à Bizarre, manifestations éclectiques (le Festival gratuit des Fêtes Escales, les rencontres cinéma et littérature de Hors Cadres, le Printemps des Poètes, la semaine de la Francophonie, etc), implication des habitants, travail avec les scolaires, nous voulons que la culture soit partagée par le plus grand nombre, qu’elle fasse tomber les murs de la ségrégation, et des replis sur soi-même.

Nous y consacrons 9% de notre budget, nous y consacrons toute notre énergie, et à l’heure où les populismes gagnent du terrain, partout en Europe, ce combat-là est devenu un véritable enjeu de société. Une Europe sans dimension culturelle est contre-nature, et un non-sens historique, et les politiques d’austérité appliquées sans discernement mettent à mal le monde de la création. Des associations peinent à boucler leurs budgets, de nombreux festivals son fragilisés, le spectacle vivant est sonné, et les intermittents sont redescendus dans la rue. Et c’est maintenant à la culture de proximité, celle qui vit et anime le cœur de nos quartiers, que le libéralisme s’attaque.

3 milliards d’euros d’économies, demandées aux collectivités territoriales en 2014 et 2015, ne seront pas sans conséquence sur le terrain, auprès des associations et des habitants. Pour donner un ordre d’idée, cela représente, pour le budget de Vénissieux, un manque à gagner de plus de 800 000 euros par an, ce qui n’est pas rien. Et pour financer son pacte de responsabilité, le gouvernement parle désormais d’une baisse des aides aux collectivités de 10 milliards d’euros d’ici 2017 ! Où s’arrêtera cette surenchère catastrophique pour nos politiques de proximité ?

En ce début de mandat, notre ville n’entend pas céder sur l’ambition culturelle. Elle continuera de défendre, contre vents et marées, le monde de la création et de la culture de proximité, une culture populaire qui va à la rencontre de tous les Vénissians, qui les associe, qui les surprend, qui les rassemble.

Les Belges Journées, manifestation que le Théâtre souhaite reconduire tous les ans avec la création des pays limitrophes, en sont un bel exemple. Faisons en sorte que la création que nous aimons reste ancrée et vivante, dans tous nos quartiers.

Je vous remercie et je vous souhaite trois belles journées avec nos voisins et amis belges.

→ Lire la suite sur le site d’origine…


Revenir en haut