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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
Conseil municipal du 27 septembre 2010 : Sakineh Mohammadi Ashtiani citoyenne d’honneur
Septembre 2010, par adminLe 27 septembre 2010
Lors du conseil municipal, Michèle Picard a décidé d’élever Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani, emprisonnée depuis 2006 à Tabriz en Iran et condamnée à mort par lapidation, au titre de Citoyenne d’honneur de Vénissieux. Vous trouverez, ci-joint, son intervention.
58 pays d
ans le monde appliquent la peine de mort. Les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Arabie Saoudite, sur tous les continents, même le nôtre avec le Belarus, des exécutions ont lieu. Pendaison, injection létale, peloton d’exécution, décapitation, lapidation, électrocution : d’après le décompte macabre et sordide de l’année 2009, au moins 714 personnes ont été exécutées dans 18 pays différents. D’autres attendent, dans les couloirs de la mort, dans la négation et l’effroi, l’inhumaine sentence.
Souvenons-nous de ces mots : « Cette justice d’élimination, cette justice d’angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu’elle est pour nous l’anti-justice, parce qu’elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l’humanité ». Ils ont été prononcés à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, par Monsieur Robert Badinter.
En élevant l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani au titre de citoyenne d’honneur, la Ville de Vénissieux manifeste son attachement à l’abolition de la peine de mort, partout dans le monde, soutient les actions contre les lapidations, acte barbare d’un autre temps, et défend, haut et fort, le respect des droits des femmes.
En Iran, on estime à 150 le nombre de personnes exécutées par lapidation depuis 30 ans. En octobre 2008, une adolescente de 13 ans, accusée d’adultère, a été exécutée en public en Somalie. En fait, elle avait été violée !
Nous ne sommes plus dans le domaine de la double peine, ni dans celui de la dénonciation, mais dans le registre d’un double cauchemar, de l’innommable, de la nausée. Je ferme la parenthèse.
Comment tolérer et accepter que Sakineh, mère de famille âgée de 43 ans, soit condamnée à mort pour adultère, aujourd’hui en 2010 ?
Comment supporter qu’une justice patriarcale et religieuse, une justice si loin de la nature et des passions humaines, puisse proclamer une telle sentence, puisse faire pression sur l’inculpée pour qu’elle avoue, sous l’usage de la force, une prétendue complicité de meurtre ?
Comment tolérer et accepter qu’une femme, aujourd’hui en 2010, ne puisse pas disposer de son corps et de ses sentiments librement ?
Comment se taire devant de telles régressions humaines, sociales, devant ce déni de dignité, devant cette atteinte faite aux femmes, devant cette parodie de justice où le religieux s’est substitué à la société des hommes ?
La communauté internationale, sous le choc et l’émotion, s’est mobilisée à juste titre pour Sakineh. La suspension de sa condamnation, annoncée par les autorités iraniennes, est un premier pas mais n’est pas suffisante. A ce jour, elle reste toujours menacée d’exécution par lapidation. Il faut exiger l’annulation définitive de cette condamnation et de cette peine barbare de lapidation, sous la menace de laquelle vivent 21 personnes dans les prisons iraniennes.
Sakineh Mohammadi Ashtiani est une nouvelle illustration du recul général des droits des femmes. En Iran bien sûr, mais aussi dans nos sociétés.
Identité et corps niés par les fondamentalistes et obscurantistes religieux ; précarité aggravée dans le monde du travail ; paupérisation en forte augmentation pour bon nombre d’entre elles ; violences conjugales dans la sphère privée, inégalité salariale et inégalité aussi face à la retraite que le tandem Sarkozy-Fillon accentue : chaque centimètre perdu par les femmes marque toujours un peu plus la régression de la société et le recul de nos libertés.
C’est la raison pour laquelle j’ai lancé un appel à tous les maires du département afin qu’un large débat s’engage contre l’injustice sociale et les discriminations dont elles sont victimes.
Pour Sakineh, pour toutes ces femmes qui souffrent en silence, la Ville de Vénissieux se joint à l’élan de solidarité international et fera part de sa motion à l’Ambassadeur d’Iran en France, au Président de la République, Nicolas Sarkozy, et aux organismes et associations qui se mobilisent pour obtenir la libération de Sakineh.
Son combat est le combat de toutes les femmes et de tous les hommes, unis contre les forces réactionnaires et rétrogrades de notre siècle.
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