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Le blog de Michèle Picard, maire de Vénissieux, député suppléante du Rhône
8 mars, Journée internationale des femmes
Février 2011, par adminRetrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la conférence de presse relative au 8 mars, Journée internationale des femmes, lundi 28 février 2011
Historique et quelques dates en France
8 mars 1910 : Clara Zetkine, journaliste et militante féministe, crée officiellement une journée internationale des femmes, fruit des grèves des ouvrières à New York et sur le Vieux Continent.
En France, un si long processus :
- l’incapacité civile de la femme mariée (code Napoléon) n’est réformée qu’en 1938
- loi scélérate de Pétain : en 42, l’avortement est considéré comme un crime contre la sécurité de l’Etat ; divorce restreint
- droit de vote reconnu qu’en 1944 par l’ordonnance du 21 avril. La notion de salaire féminin est supprimée en 1945 : « À travail égal, salaire égal » s’inscrit enfin dans la législation française
- 1965 : Une femme peut avoir un emploi sans avoir à obtenir l’autorisation de son mari et dispose librement de ses biens propres (comptes et carnet de chèques) ; réforme des régimes matrimoniaux
- la notion d’autorité parentale qui remplace l’autorité paternelle n’apparaît qu’en 1970 : « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille » : c’est la fin de la notion de « chef de famille »
- 1975 : autorisation de l’IVG
- l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives est instauré en 2000
Non seulement les droits acquis par les femmes sont fragiles, mais ils sont en plus très récents à l’échelle de l’histoire de notre pays. Attachement de Vénissieux à cette date symbolique du 8 mars : avancées des femmes = émancipation de la société. Mais le droit des femmes se défend au quotidien, sur le terrain, pas une journée par an, c’est le travail que nous opérons en étroite collaboration avec le Collectif Femmes, Filactions, les EPJ. Il se défend aussi à travers le maintien des services publics, à travers la défense de la laïcité, à travers l’éducation des jeunes générations. C’est bien un travail quotidien qui portera ses fruits, d’autant que la période actuelle est une période de régression.
Régression(s) tous azimuts
- Dans le monde du travail : inégalités salariales bien sûr, mais aussi plus de précarité avec les temps partiels (En France, 31% des femmes connaissent ainsi des temps partiels (6% pour les hommes), et les deux tiers des salariés à bas salaires sont des femmes). La réforme des retraites va fortement pénaliser les femmes : impossibilité de bénéficier de pensions à taux complet du fait des interruptions de carrière : en 2007, seules 44% d’entre elles parvenaient à valider une carrière complète, contre 86% pour les hommes. Sans oublier que les pensions de retraite des femmes sont en moyenne inférieure de 36% à celles des hommes !
Effets du démantèlement du code de travail, pertes d’acquis sociaux : la Cour européenne des droits de l’homme contraint la France à autoriser le travail de nuit des femmes. Cette interdiction a été levée par la loi du 9 mai 2003.
Avec cet ensemble de reculs dans le monde du travail, conjugués aux effets de la crise économique : la pauvreté se féminise et les associations caritatives tirent la sonnette d’alarme (familles monoparentales très fragilisées)
- Dans 85% des cas, la monoparentalité concerne les femmes seules avec enfants.
- Le taux de pauvreté féminin est de 14% (12,8 pour les hommes) et de 23,7% pour les femmes de 18 à 24 ans.
- Sur la voie publique, les violences faites aux femmes, au niveau national, ont augmenté de 13% en 2010.
- Dans la sphère privée : une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les deux jours et demi. A Vénissieux, 199 faits de violences conjugales en 2010 (+17% par rapport à 2009). Question régalienne pourtant, deux lois ont été votées mais sur le terrain ça empire : pénurie de logements d’urgence, baisse de 18,8% des subventions de l’Etat aux associations d’aides aux victimes de violences conjugales entre 2006 et 2009. Planning Familial 69 et Filactions nous ont fait part de difficultés financières. Situation très préoccupante. Travail de fond avec Filactions (Festival Brisez le silence, actions de sensibilisation dans collèges et lycées, actions de prévention sur les relations amoureuses), mais aussi dans les Equipements Polyvalents Jeunes (jeunes femmes de l’EPJ Darnaise impliquées dans l’organisation du village associatif Brisez le silence ; écriture de textes en slam ; EPJ Darnaise et Charréard ont travaillé à un projet de création théâtrale sur le thème du respect dans les relations amoureuses, création jouée à Villeurbanne)
- recours à la « prostitution alimentaire » pour des raisons économiques : étudiants ; prostitution étrangère pour fuir des pays en guerre, pour fuir la misère ou après avoir été abandonnée ou maltraitée par leurs familles
- IVG, un droit sans cesse attaqué : 11 centres d’orthogénie fermés en 2010 en France ; l’extrême droite et Marine Le Pen favorables au déremboursement de l’avortement
- Les femmes cibles des intégrismes, mais aussi de la « marchandisation » du corps
- Intégrismes religieux : négation de l’identité même de la femme (burqa), justice patriarcale moyenâgeuse : cas de l’Iranienne Sakineh, condamnée à la lapidation pour adultère. Vénissieux l’a élevée au rang de citoyenne d’honneur
- Banalisation de l’image de la femme-objet : Sensual Clean Service, ce n’est pas un jeu autour de fantasmes, c’est une marchandisation des femmes, une exploitation de la misère féminine et une image dégradante de leur condition
- Banalisation aussi de la pornographie : la femme vénale, le corps et le sexe comme monnaie d’échanges, argent facile
- Climat de violences sociales dans les rapports filles/garçons (humiliations, irrespect, soumission). Tout un travail est effectué à ce sujet dans nos collèges, lycées et dans nos 6 EPJ pour faire prendre conscience du phénomène de violences, pour faire évoluer les mentalités. Travail long car il s’agit de modifier en profondeur les comportements,
Mobilisation de tous et de toutes, des associations, de l’Éducation nationale, et des hommes bien sûr dans ce combat ; nécessité d’interpeller l’Etat sur une situation qui se dégrade ; rester vigilant, en éveil car les droits les plus chèrement acquis sont aussi les droits les plus fragiles, les plus contestés par les forces réactionnaires et rétrogrades.
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