Dénominations d’une rue Andrée Chedid et d’une rue Assia Djebar.

Conseil municipal du 2 juin 2025.
Vendredi 13 juin 2025

Madame le Maire, mesdames et messieurs les élus du conseil municipal, mesdames et messieurs,

Andrée Chedid et Assia Djebar ont, chacune à leur manière, incarné une littérature de résistance.

Nées dans des mondes traversés par la colonisation, les guerres et les exils, elles ont fait du français, langue parfois imposée, un outil de résistance, de transmission et de révolte.

Chedid, d’origine syro-libanaise, a toujours porté une parole humaniste et universelle. À travers ses poèmes, romans et pièces de théâtre, elle a défendu la fraternité entre les peuples, la paix et l’espoir d’un monde réconcilié.

Djebar, figure majeure de la littérature algérienne, redonne voix aux femmes oubliées de l’histoire, interroge la domination coloniale et patriarcale, et engage sa plume du côté des opprimés.

Leur pensée, souvent proche des idéaux humanistes et de gauche, fait écho aux luttes anticolonialistes, à l’émancipation des peuples et à la quête d’égalité.

Toutes deux ont rêvé d’un monde libéré de l’injustice, où la parole serait à la fois arme et refuge. Aujourd’hui encore, leur œuvre résonne face aux crispations identitaires, aux guerres et aux oppressions faites aux femmes.

Cette force de parole, cette volonté de transmettre, ne s’est pas arrêtée à leur génération. Elle se prolonge, notamment dans la lignée d’Andrée Chedid, dont l’héritage poétique irrigue les textes de son petit-fils, le chanteur M, qui fait vibrer sur scène les mots de sa grand-mère, mêlant engagement, tendresse et quête de sens. C’est le signe que leur œuvre continue de vivre, de se réinventer et de toucher d’autres publics.

En effet, leurs combats résonnent fortement avec les enjeux d’aujourd’hui : lutte contre les discriminations, défense de la culture, de la paix, des droits des femmes et de la justice sociale.

Par-delà les frontières, elles ont semé les graines d’un monde plus juste, porté par l’amour, la mémoire et la parole vivante des femmes.

Elles rappellent, avec force, que l’écriture peut être un acte politique et que la culture reste un terrain essentiel de lutte pour un avenir plus solidaire et plus libre.

En choisissant d’honorer deux femmes écrivaines, engagées et francophones, la municipalité participe activement à la nécessaire revalorisation de figures féminines dans l’espace public, encore largement dominé par des noms masculins.

Par ailleurs, le fait que ces rues jouxtent celle des Martyrs de la Résistance vient renforcer la portée symbolique de ce choix : il inscrit ces femmes de lettres et de lutte dans une continuité historique de résistance et d’engagement pour la liberté, comme un appel à penser, à résister et à espérer.

Au nom du groupe communiste, nous tenons donc à féliciter Madame la Maire pour ce choix éclairé, qui fait vivre la culture, la diversité et l’engagement au cœur de la ville.

Pour finir, comme le disait Assia Djebar : « Écrire, c’est hurler sans bruit. »

Et Andrée Chedid nous rappelait : « J’écris pour relier, pour lier, pour délier les nœuds de l’incompréhension. »

Leurs noms, désormais ancrés dans les rues de Vénissieux, continueront d’éclairer les consciences et d’inspirer les luttes d’aujourd’hui et de demain.

Merci pour votre attention

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