RENOUVELLEMENT URBAIN ET COHÉSION SOCIALE Programmation sociale 2025 complémentaire.

Conseil municipal du 2 juin 2025
Vendredi 13 juin 2025

Madame le Maire, chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour aborder un sujet qui touche au cœur de notre engagement républicain : l’avenir de la politique de la ville et l’évolution des aides de l’État, en particulier pour nos quartiers prioritaires à Vénissieux.

Depuis plusieurs années, la politique de la ville vise à réduire les inégalités entre les territoires en mobilisant des crédits spécifiques pour soutenir les habitants des quartiers les plus fragiles. Malheureusement, l’actualité budgétaire nationale vient fragiliser ces efforts. Le 25 avril 2025, le gouvernement a annoncé l’annulation de 3,1 milliards d’euros de crédits budgétaires, dont près de 15 millions d’euros pour la politique de la ville. Cette décision se traduit par une baisse de 30 % des crédits par rapport à 2023, alors même que le budget voté début 2025, à 609 millions d’euros, était déjà inférieur à celui de 2024 (639 millions d’euros).

À Vénissieux, cette politique concerne près de 43 % de notre population, soit plus de 29 400 habitants, répartis dans des quartiers identifiés comme prioritaires du fait de difficultés sociales, économiques et urbaines persistantes.

La décision du président Macron de réduire l’aide de l’État à la culture dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) constitue une attaque de plus contre les classes populaires et les quartiers populaires. Cette politique d’austérité culturelle s’inscrit dans la logique du capitalisme, qui privilégie toujours les profits privés au détriment des besoins collectifs et du bien commun.

Dans les QPV, la culture est déjà un bien rare. Seulement 2,5 % des équipements culturels sont situés dans ces quartiers, alors qu’ils abritent 8,5 % de la population française. Près de 300 quartiers, dont plus de la moitié en Outre-mer, restent totalement dépourvus d’accès à la culture, même dans leur environnement proche.

La réduction des financements publics aggrave cette situation, menace la survie des associations locales et limite l’accès des jeunes et des familles à la création, à l’éducation artistique et à la valorisation de leur patrimoine.

Les associations, véritables actrices du lien social, voient leurs projets fragilisés, alors qu’elles portent au quotidien l’espoir d’une société plus inclusive et plus solidaire.

Réduire l’aide de l’État à la culture dans les QPV, c’est priver la jeunesse populaire de l’accès à l’éducation artistique, à la créativité et à la fierté de son histoire. C’est renforcer l’exclusion, le repli sur soi et la domination de la bourgeoisie sur la vie culturelle.

Cette contraction des moyens impacte directement la capacité des collectivités et des associations à agir sur le terrain.

À Vénissieux, nous avons su, ces dernières années, tirer parti des dispositifs nationaux et métropolitains, notamment à travers la Convention locale d’application 2024-2030, validée en partenariat avec l’État et la Métropole de Lyon.

Cette feuille de route ambitieuse, qui prévoit des actions concrètes pour l’amélioration du cadre de vie, la cohésion sociale, l’éducation, la sécurité et l’accès aux droits, est aujourd’hui menacée par la raréfaction des financements nationaux.

La programmation sociale 2024, par exemple, comprenait 69 actions, dont beaucoup reposaient sur des cofinancements de l’État. La baisse des aides remet en cause la pérennité de ces projets, pourtant essentiels pour répondre aux besoins des habitants : insertion professionnelle, accompagnement des familles, soutien à la jeunesse, prévention de la délinquance, amélioration du logement social. Face à cette situation, la Ville de Vénissieux a fait le choix de renforcer son engagement financier. Le budget municipal consacré aux actions sociales dans les quartiers prioritaires a été augmenté, permettant d’attribuer des subventions complémentaires à plusieurs projets en 2024.

Mais nous savons que l’effort local, aussi déterminé soit-il, ne saurait compenser durablement le désengagement de l’État. Je tiens à rappeler que la politique de la ville n’est pas un luxe, c’est un droit, un bien commun, accessible à tous. Elle permet l’émancipation, la reconnaissance de la diversité et la construction d’une identité collective forte.

Les quartiers populaires de Vénissieux, comme partout en France, subissent une double peine : celle des difficultés sociales et urbaines, aggravées par la stigmatisation et l’insécurité.

La baisse des aides de l’État, décidée dans un contexte de rigueur budgétaire, risque de compromettre les avancées obtenues et d’aggraver les fractures sociales. Elle met en péril la cohésion nationale et l’égalité des chances, principes fondateurs de notre République.

Je veux ici saluer le travail des équipes municipales, des associations, des acteurs de terrain qui, au quotidien, font vivre la solidarité et l’espoir dans nos quartiers. Mais leur engagement ne saurait suffire sans un soutien fort et constant de l’État.

C’est pourquoi, au nom du Conseil municipal de Vénissieux, si vous le permettez, Madame la Maire, j’appelle solennellement le gouvernement à reconsidérer sa position et à garantir les moyens nécessaires à la politique de la ville.

Nous demandons le maintien des crédits, la simplification des procédures d’accès aux financements, et une véritable concertation avec les élus locaux pour adapter les dispositifs aux réalités du terrain.

L’avenir de nos quartiers, l’avenir de Vénissieux, l’avenir de la République en dépendent.

Je vous remercie.

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