Le bilan est lourd et inestimable à ce jour : Le 26 décembre dernier, le préfet de Mayotte a révisé son bilan de 35 à 39 morts avec plus de 4 000 blessés, dont 124 grièvement.
Mais la réalité en est autre. Le bilan est certainement très élevé en raison de la difficulté à recenser toutes les victimes, notamment en raison des traditions musulmanes qui prévoient des inhumations rapides. Un de mes contacts à Mayotte, qui est enseignant à Dzaoudzi m’a confirmé, une semaine après, le passage de Chido, vers le 21 décembre, avoir participé personnellement à l’enterrement de 50 victimes, seulement en petite terre. Quand on parle de petite terre on parle d’un ilot composé de seulement deux Communes qui sont Dzaoudzi et Pamandzi, 50 enterrement une semaine après.
Je souhaite apporter un éclairage ici sur les habitations des zones touchées : toute construction faite d’autres choses que du béton a été ravagée. Mon petit frère médecin à l’hôpital de Mamoudzou qui habite dans une maison dont le toit est fait de tôle et de tuile a eu des dégâts matériels considérables.
Certes l’essentiel des victimes vivaient dans des habitations beaucoup plus précaires faites de tôles et de bois, mais pas que….
Les autorités mahoraises ont très vite laissé entendre que l’essentiel des victimes habitaient dans des bidonvilles occupés par des clandestins, des comoriens des autres îles. Cela a fait trainer l’arrivée des secours et les biens de première nécessité dans l’île, ce qui a été l’une des raisons qui a fait que le Président Emmanuel Macron s’est fait huer lors des échanges avec des sinistrés critiquant à leur tour la gestion de la crise Chido. Macron, agacé a tenu comme à son habitude des propos déplacés affirmant publiquement à l’adresse de ces sinistrés ayant perdu des proches, ayant perdu leurs biens, victimes d’une telle catastrophe, je cite : "Vous êtes contents d’être en France ! Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde !" Excusez-moi du terme Madame Le maire. Mais quelle ironie ? Pensait-il s’adresser aux Résidents mahorais originaires des autres îles comoriennes ?
Oui ces comoriens traités de clandestins chez eux car un certain 18 janvier 1995, un certain Premier Ministre nommé Edouard Balladur a instauré un visa d’entrée à Mayotte pour empêcher la libre circulation des comoriens dans leur propre pays, annexé par l’impérialiste français à l’issu d’un referendum organisé en 1974.
En effet, pour mieux comprendre, Le 22 décembre 1974, un scrutin référendaire est organisé dans l’archipel des Comores, à la suite d’une résolution de l’assemblée générale de l’ONU « réaffirmant le droit inaliénable du peuple de l’archipel des Comores à l’autodétermination et à l’indépendance. » Cette résolution appelle à une consultation avec comme précision qu’elle « sera organisée sur une base « globale de l’archipel ». Les Nations Unies se prononcent donc sans ambiguïté, pour l’indivisibilité des Comores.
154 184 électeurs votent oui contre 8 853.
Les électeurs se prononcent ainsi pour l’indépendance, soit 95 % des votants.
Cependant, 8 783 des 8 853 électeurs qui ont voté non, sont décomptés sur l’île de Mayotte soit 62% de l’électorat de l’île.
Le 6 juillet 1975, les députés des Comores proclament unilatéralement l’indépendance du pays , mais Mayotte reste maintenue sous administration française car pour la France, il fallait décomptait les résultats du referendum d’autodétermination, île par île omettant expressément le caractère d’intégrité et d’indivisibilité du territoire. Le 12 novembre 1975, l’archipel des Comores est admis à l’organisation des Nations unies comme État souverain composé des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli, et Grande-Comore.
Mais après les propos déplorables d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau monte au créneau et met en avant son crédo, il parle même de submersion des comoriens des autres îles ignorant volontairement les autres migrants en provenance d’Angola, de Madagascar, de Mozambique de Congo et d’ailleurs.
Alors que l’île est dévastée et les secours cherchaient encore les victimes, Bruno Retailleau déroule déjà ses obsessions habituelles : le contrôle migratoire et les expulsions. Oubliez le délai de décence, exit le dérèglement climatique, les habitats précaires dévastés et les centaines de victimes dont le bilan final reste encore à déterminer. Ce qui préoccupe Bruno Retailleau, à Mayotte, ce sont les migrants qu’il reste à expulser, après le passage du cyclone Chido, où est partie la France des libertés et des droits de l’homme ?
Aujourd’hui on parle de reconstruction de Mayotte mais le Gouvernement Bayrou mise sur une reconstruction fondée sur des expulsions. En effet, Bruno Retailleau, Manuel Valls et Sébastien Lecornu ont souligné la nécessité de lier la reconstruction de Mayotte à une lutte résolue contre l’immigration clandestine.
La reconstruction et le développement de Mayotte ne résident-t-ils pas dans le développement de tout l’archipel ? la France ne devrait-elle pas proposer un cadre de coopération gagnant-gagnant avec un nouveau statut de Mayotte ouvert à ces coopérations, et rechercher un accord international avec les pays voisins d’Afrique et d’Asie ?
Pour terminer, Chers collègues Madame et messieurs, permettez-moi en tant que français d’origine mahoraise et des autres îles comoriennes, de remercier Madame le Maire pour le soutien qu’elle apporte continuellement à la communauté comorienne de Vénissieux chaque fois que celle-ci se trouve dans le besoin. Votre soutien personnel aux victimes du Cyclone Chido a été très apprécié le 12 janvier dernier à la journée de solidarité en faveur – justement – des sinistrés mahorais. Cette journée de solidarité a été organisée par l’association des étudiants comoriens de Lyon qui n’est pas à son premier essai. Elle a œuvré récemment pour équiper en matériels scolaires, des écoles des communes au sud de la Grande-Comore. Vénissieux a apporté sa contribution, lors du Conseil Municipal du 10/10/2022.
Par cette délibération, et comme toujours Vénissieux apporte sa solidarité à toutes les victimes du cyclone Chido, comme elle l’a fait pour les sinistres qui ont lieu les derniers mois en Syrie, en Turquie, au Maroc etc…
Je vous remercie